Paroles d’artistes : Rencontre avec Dalila Dalléas Bouzar

Dans Paroles d’Artistes, Dalila Dalléas Bouzar laisse découvrir comment il a vécu le COVID 19. Découvrons ensemble.

Les Visionnaires, une exposition collective du travail de Dalila Dalléas Bouzar, Jems Koko Bi et Kassou Seydou jusqu’au 8 septembre 2018 à la Galerie Cécile Fakhoury Abidjan.

Comment vivez vous cette période de COVID 19 ? Est ce que cela a conduit à un changement dans votre façon de travailler ? Quelles sont les nouvelles choses que vous avez mis en place pour pouvoir réaliser votre activité? Qu’est ce que ce moment vous inspire de façon générale ?

J’ai très bien vécu cette période même si j’ai dû reporter deux voyages à l’étranger AINSI que plusieurs expos. Le fait de ne plus pouvoir se déplacer m’a permis de me recentrer et de réinterroger ma pratique de l’art. Cette période m’a permis de ne plus subir des injonctions diverses comme celle de réussir, de travailler, etc. Injonctions que la société nous adresse et que l’on intègre. Du coup beaucoup de pression s’est évaporée et cela fait du bien.

Je n’ai pas beaucoup produit mais cela fait partie des choses que je veux revoir ; passer plus de temps sur chaque création plutôt que de produire à tout prix en acceptant de faire toujours du nouveau.

Ce que je suis en train de développer depuis l’année dernière va dans ce sens. Puisque j’ai commencé à faire des tapisseries brodées. Ce qui demande du temps et un autre rapport aux matériaux employés. L’idée est de consacrer plus de temps et d’attention à chaque geste créatif et à chaque matériau. Pour moi c’était une période bénéfique.

Est ce que ce que vous pouvez dire que cette période est propice à votre créativité?

Ce n’est pas parce que l’on ne produit pas qu’on n’est pas dans un processus créatif. Les temps de non production sont très importants. Ils permettent d’intégrer, de condenser et de faire d’autres choses comme lire, par exemple.

Plus que jamais, le COVID 19 a mis en avant l’importance des arts et de la culture dans la vie des communautés. Comment voyez vous l’avenir de la promotion de votre art en particulier, et des arts contemporains en général ? Pensez-vous que l’industrie culturelle à une partition à jouer en exploitant les canaux digitaux et numériques? Ou pensez vous que cela peut mettre en péril votre activité?

Je ne pense pas à cela. C’est ce système capitaliste qui nous pousse à nous inquiéter de l’avenir et comme tous les champs de production, l’art subit ce système qui le pervertit. Je pense qu’il faut résister à cette pression du système marchand, proposer d’autres approches de l’art. Cela ne veut pas dire ne plus vendre de l’art mais le faire dans une autre intention. On a vu la frénésie des foires et des ventes aux enchères atteindre des rythmes incohérents. De plus, cette richesse énorme produite ne bénéficie pas aux artistes et au développement de l’art.

Les galeries d’art comme celle avec qui je travaille, Cécile Fakhoury, qui est une galerie engagée auprès des artistes, ont aussi un rôle à jouer dans cette transformation du système.

Pour terminer, parlons de vos activités actuelles et à venir

Cette année, je participe à de beaux projets d’expo comme Love etc. au Musée Bargoin, exposition collective du  Festival International des Textiles Extra Ordinaires à Clermont (à partir de fin septembre). J’y présenterai la tapisserie brodée ADAMA et la performance « rituel de déplacement de corps ».

Je prépare aussi une performance pour le FRAC Nouvelle-Aquitaine MÉCA intitulée Parlement des corps planétaires  – Le corps comme enjeu de pouvoir et de libération (fin de l’année). Je participe également à l’exposition Quelque part entre le silence et les parlers à la Maison des arts, centre d’art contemporain de Malakoff, dont le curateur est Florian Gaité (fin janvier 2021). Je fais aussi partie d’un collectif d’artistes basés à Bordeaux et nous menons un projet européen sur les notions de frontières intitulé « contre ma peau » dont la première étape se déroule à Bruxelles. Tous ces projets interrogent notre réalité.

Plus près de nous, je fais une expo solo Une part de soi à la galerie Regard Sud à Lyon qui commence le 12 juin 2020. Et je pars une semaine en résidence 5 jours dans le collège Varignon invitée par Sandrine Fauquemberg, professeure de français. Nous allons explorer ensemble l’Odyssée d’Ulysse en utilisant le médium de la performance. Je trouve cela très important de pouvoir transmettre et accompagner les jeunes vers des pratiques d’art et de pensée qui vont dans le sens de la liberté.

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