Dans Paroles d’Artistes, Jems Robert Koko Bi nous laisse découvrir comment il a vécu le COVID 19. Découvrons ensemble.

Comment vivez vous cette période de COVID 19 ? Est ce que cela a conduit à un changement dans votre façon de travailler ? Quelles sont les nouvelles choses que vous avez mis en place pour pouvoir réaliser votre activité? Qu’est ce que ce moment vous inspire de façon générale?
A mon niveau, cette situation a été une surprise. Je suis venue en Allemagne après l’exposition Prête Moi Ton Rêve à Abidjan. Je devais faire le vernissage de mon exposition au Musée de Reutlingen dans le sud de l’Allemagne. Le confinement a donc été une surprise.
Concernant le confinement, je dirais : Est-ce-que l’homme change ? Est-ce-que l’artiste change ? Non, il évolue. Je suis revenue en Allemagne et je devais aller au Maroc. J’ai donc arrêté mes activités. J’ai décidé d’attendre et voir le monde ce qui signifie d’arrêter de travailler pour me ressourcer, pour voir ce que le monde va devenir.
Je m’occupe du potager. Quand cette situation passera, je verrais ce que cela aura fait de moi. Vous savez faire le potager donne un contact avec la terre et la Nature. D’ailleurs, je suis à un endroit où nous avons changé une ferme en une Fondation. Ainsi, nous sommes au milieu des champs et nous accueillons les artistes en difficulté. Mon atelier s’y trouve donc. Faire des jardins… c’est une situation positive pour moi. Il me fallait cette situation pour arrêter de faire de l’art et pour m’occuper de moi. Et en vérité, un an d’arrêt dans une vie, ce n’est rien.
C’est donc une pause qui me donne plus le temps de voir les arbres autour de moi. J’ai creusé des bancs, j’invente des choses. Par conséquence, c’est positif. Effectivement, cela m’autodiscipline quand je perds le contact. Je sors faire des courses de temps en temps. Je vois que c’est calme. Cette période me fortifie, elle me donne une autre vision des choses. C’est un moment de notre vie pour prendre du recul. Ainsi, cette période catastrophique m’offre un côté positif. Je ne travaille donc plus. Et je ne vois pas le sens de travailler actuellement. J’ai déjà une exposition actuellement. Je me vide et je saisi cette période pour me remplir à nouveau. Par conséquent, c’est une pause technique non volontaire que j’apprécie toutefois.
Est ce que ce que vous pouvez dire que cette période est propice à votre créativité?
Je reste en contact avec le monde artistique. L’Afrique est fermée de l’Europe et je compte donc me nourrir des choses qui m’entourent. Sans la crise, j’aurais été en voyage professionnel et je n’aurais pas eu le temps de faire autre chose. C’est un cadeau de la forêt qui m’a été envoyé. Je découvre quelqu’un d’autre en moi, à qui je ne donnais pas de temps. Je me redécouvre. Je plante mes radis, mes tomates.. et par la suite, je les mange. C’est un bonheur et après ça, je verrais artistiquement comment j’ai été rempli. Je fais le vide.
Plus que jamais, le COVID 19 a mis en avant l’importance des arts et de la culture dans la vie des communautés. Ainsi, quel regard portez-vous sur l’avenir de la promotion de votre art en particulier, et des arts contemporains en général ? Pensez-vous que l’industrie culturelle à une partition à jouer en exploitant les canaux digitaux et numériques? Ou pensez vous que cela peut mettre en péril votre activité?
Pendant que les autres restent à bosser au bureau avec le télétravail, la chose, la meilleure est de parler des arts dans les médias. Beaucoup ont, en effet, réalisé que le numérique est une façon de voir que l’on peut traiter différemment l’art sur les réseaux. L’artiste a fait la performance, on a pensé qu’il fallait être sur le lieu physique. On réalise ainsi que l’on peut le faire chez soi et le diffuser. C’est certainement une nouvelle vision, une autre façon de faire, il faut utiliser cet outil pour innover. Je pense c’est une porte ouverte. Avant on se donnait rendez-vous et maintenant on peut avoir une autre forme de communication.
Pour terminer, parlons de vos activités actuelles
Actuellement, vous pouvez retrouver mon travail à l’exposition Born in the woods au Musée de Reutlingen dans le sud de l’Allemagne. Elle se prolonge jusqu’en octobre 2020.
L’exposition est accessible virtuellement Il faudra suivre la flèche au sol et cliquer sur le (I) pour accéder aux informations. Un autre lien sur Youtube
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