Durant Art Paris Art Fair, j’ai pu découvrir de nombreux artistes contemporains en portant principalement mon attention sur ceux mis en exergue par le secteur Solo Show qui consiste à encourager la découverte ou la redécouverte d’artistes modernes, contemporains ou émergents. J’ai eu le plaisir de découvrir les œuvres de Wayne Barker. Découvrons ensemble son travail.

Des perles à l’avant-garde de la peinture
Les œuvres de Wayne Barker sont la spéciale découverte que j’ai pu faire lors de Art Paris Art Fair 2017 si je considère l’aspect purement technique de l’œuvre. En effet, il réalise des toiles avec des perles appelé “Beadworks”. Ces toiles bidimensionnelles m’ont particulièrement séduites car elles traduisent d’une part, le nouveau contexte sud-africain et d’autre part, un savoir-faire ancestral.
Une progression artistique
Je ne connaissais pas Wayne Barker. Je l’ai découvert et j’ai pu réaliser que cette série intitulée “Beadworks” est le signe d’une évolution évidente de la technique de l’artiste. EN effet, sa technique picturale était pour le moins classique bien que non linéaire. Il employé les traits noir et blanc, les lignes courbes, les éclats de couleurs ici et là et s’exerçait à mettre en valeur des sujets de sa société contemporaine. Avec ses œuvres perlées, il nous interpelle sur l’art du Beadmaking en Afrique australe.
Le Beadmaking en Afrique australe
L’Afrique australe est une région célèbre pour cette tradition millénaire du “beadmaking”, soit l’art du tissage de perles, qui s’est adaptée aux circonstances modernes de la manière la plus inventive.
Ces perles qui étaient autrefois fabriquées en Afrique, à l’époque de la découverte du verre (il y a environ 30 siècles), proviennent maintenant pour la plupart de sources européennes. Ce qui nous invite à une réflexion sur ce produit longtemps utilisés comme monnaie d’échanges sur les routes commerciales africaines et européennes.
Dans le contexte sud africain, le Beadmaking a été mis en avant par Pierneef, l’un des plus grands peintre sud-africain de paysages issu de la communauté afrikaner, mais la pratique avait été reléguée au rang de curiosité ethnique. Il a fallu plus de 50 ans après l’ère de Pierneef et de nombreuses collectes bien documentées pour faire reconnaitre ces œuvres en perle comme partie intégrante du lexique artistique sud africain.
Cette reconnaissance tardive a de nombreux facteurs. On peut citer, la hiérarchie par l’occident du matériel artistique, la discrimination raciale et sexuelle puisque le travail des perles était essentiellement conçu par des femmes ou encore les idéaux modernistes définissant, voire régissant, l’art visuel. On comprend donc que Wayne Barker souhaite restaurer cette histoire en plaçant les perles à l’avant-garde de la peinture et en valorisant la femme.
Vers la valorisation de la femme
Pour comprendre comment Wayne Barker valorise la femme, analysons ses œuvres de façon technique:
- La photographie des modèles : Le processus de fabrication des objets perlés de Barker est lui-même complexe. Barker commence par photographier des modèles féminins dans son studio. Récemment, ses modèles ont été en grande partie des femmes d’autres pays africains, beaucoup – sinon tous – des réfugiés de leur pays d’origine.
- La construction picturale de l’œuvre : La deuxième étape du travail consiste à construire un tableau de la photo originale.
- La destruction assistée par ordinateur de l’œuvre : Cette peinture est ensuite déconstruite en utilisant des marques et des images générées par ordinateur. L’art mécanique de la prise de photographie se transforme par l’artisanat de la peinture, puis transformé en une image imprimée par machine.
- La reconstruction de l’œuvre avec des perles : Cette image devient le modèle pour le perlage qui s’effectue dans un studio à Cape Town. Les perles de verre tendues sont collées minutieusement sur chaque plan de travail et cela prend plusieurs mois pour compléter un modèle. C’est un processus long qui demande un savoir-faire précis et une main-d’oeuvre disponible et patiente. Ces femmes qui réalisent ces perlages travaillent à transférer l’éclat, les tons et les textures de l’œuvre imprimée de Barker tout en stimulant leurs propres créativités.
Wayne Barker a travers ce travail technique de construction, destruction et reconstruction de son œuvre d’art nous invite à une réflexion sur la place des perles dans la société moderne sud africaine. Ces perles, objets d’ornement, objets de commerce, objets d’art, objets de discriminations sociales, objets attribués aux femmes… sont exploitées pour construire, détruire et reconstruire un pan d’histoire, volontairement ou involontairement, mal ou sous interprété. Il repositionne ainsi les femmes au cœur du débat sociale. Ces femmes construites que la société-monde tente détruire mais qui parviennent toutefois à se reconstruire.

WayneBarker
Wayne est né à Pretoria, en Afrique du Sud, en 1963.
Il a terminé ses études avec un baccalauréat en arts plastiques à l’École des Beaux Art, Luminy, à Marseille en 1998. Il a obtenu un BA (Arts Plastiques ), Michaelis, à l’Université de Cape Town en 1984. En 1981, il fut diplômé en beaux-arts, chez Technikon à Pretoria.
Il fut lauréat du Prix du Mérite de Volkskas Atelier en 1992 et en 1998.
Wayne Barker a participé à de nombreux projets, symposiums et ateliers, impliquant des universitaires, des artistes ainsi que des enfants de différentes communautés.
Il a également fondé la Famous International Gallery en Afrique du Sud (1989-1995).

ArtcoGallery
Fondée en 2003 par Jutta et Joachim Melchers, ARTCO est passé d’une agence d’art à une galerie en 2005. ARTCO est situé au cœur de l’Europe, à proximité de Cologne, de Düsseldorf et de la frontière avec la Belgique et les Pays-Bas.
La galerie représente une sélection d’artistes locaux et internationaux. Son objectif principal est la présentation d’artistes talentueux déjà établis et émergents d’origine africaine.
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