Retour sur le CinéDoc #12 – Faites le mur ! film documentaire de Banksy

Le mercredi 12 octobre 2016, CinéDoc #12 nous proposais de visionner le film documentaire “Faites le mur !” de Banksy qui nous raconte la naissance du Street Art comme Art Contemporain. Ce film nous amène à nous interroger sur ce passage à de l’art vandale et revendicateur à de l’art vendable et marketable. Retour sur ce film.

source : http://www.banksyfilm.com

Exit Through the Gift Shop ou Faites le mur! de Banksy 

Ce film américano-britannique réalisé par Banksy et sorti en salle le 15 décembre 2010. Il parle de street art ou d’Art de rue ou l’art urbain.
Dans mon précédent article j’ai décrit le Street Art comme un mouvement artistique contemporain qui regroupe toutes les formes d’art réalisées dans la rue ou dans des endroits publics. (Lire l’article en cliquant ICI).
 

Nous allons approfondir les choses. Dans un premier temps, il faut noter que le Street art est un art strictement visuel développé dans les espaces publics. En effet, les œuvres des artistes Street Art sont exposées dans une “Galerie à ciel ouvert” c’est-à-dire les rues.

Cette notion fait donc référence habituellement à l’art non-conventionnel, non-autorisé et non -conforme car non sponsorisé par le Gouvernement; car pour rappel, prendre la rue ou un mur comme espace d’expression sans autorisation est puni par la loi dans quasiment tous les pays du monde.

Le terme peut donc inclure différentes techniques telles que les illustrations graffiti traditionnelles, la réclame, le pochoir, le sticker, les sculptures, l’affichage, la mosaïque, les sticker art (autocollants), le street poster art (art de l’affiche), yard Bombing (tricot graffiti) ou encore les installations in situe (projections vidéos, guérilla art, etc.).

Aujourd’hui, le terme Street Art est utilisé pour distinguer (i) l’art public contemporain du (ii) graffiti territorial dit “Tag” respectivement pour distinguer (i)l’art corporatif du (ii) vandalisme. Et c’est là notre première interrogation.

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Des origines du Street Art : du vandale au vendable

Si l’on veut remonter aux origines il faut que l’on s’attarde sur l’ouvrage de Magda Danysz intitulé “Anthologie du street Art” dans lequel elle revient sur les codes et les origines de cette culture underground et de son ascension vers la lumière, de l’apparition du graffiti aux Etats-Unis, jusqu’aux galeries du monde entier. Son ouvrage nous indique que le premier graffiti date de 1942, pendant la Seconde Guerre Mondiale. 

C’est un peu par jeu, parce que de la grotte de Lascaux aux hiéroglyphes, le graffiti existe depuis toujours. Mais en 1942, un ouvrier américain nommé Kilroy, qui travaillait dans une usine de bombes basée à Detroit, écrit « Kilroy was here » (« Kilroy est passé par là » en VF) sur les pièces qui déroulent le long de sa chaîne de production. Du coup, les bombes étaient larguées  avec ce slogan ironique et vengeur, et Kilroy s’est vite taillé une belle réputation de patriote chez les soldats, qui en réponse écrivaient « Kilroy was here » sur les murs qu’ils croisaient. J’aime cette histoire parce qu’elle pose les bases de la culture du graffiti : le goût du message, qui donne du sens à une œuvre ; et la viralité, qui permet d’être vu par le plus grand nombre. Le graffiti, c’est Internet avant l’heure !” Pour lire l’article en entier cliquez ICI)

Au niveau de la généalogie, il est assez complexe de se situer. Certains disent qu’il serait née aux Etats Unis dans les années 1960 puis importé en France tandis que d’autres disent qu’ils seraient né en France dans les années 1960 également. Ce n’est pas la paternité qui nous intéresse mais plutôt l’évolution du graffiti jusqu’au Street Art.

L’élément déclencheur du phénomène de Street Art reste toutefois l’oppression de la publicité. En effet, dans les années 80, c’était le début de la communication visuelle comme propagande pour commercialiser un produit. La publicité était agressive et avait pour objectif de faire une lavage de conscience pour ne pas dire de conscience puisque tout le monde devait penser la même chose afin de permettre aux différents lobbies de s’enrichir.

Ces jeunes ont donc décidé de lutter contre l’agressivité visuelle des publicités à leur manière. Ils ont envahis le paysage urbain avec un esprit vandale pour présenter des messages anti-système et anti-conformiste en vue d’éveiller les consciences : le Street Art était définitivement né. Il était associé à la délinquance et au non conformisme. 

 

 

Mais le Street Art comme branche indirecte de l’Art Contemporain est né lorsque des individus opportunistes ont décidés de surfer sur le travail d’expression et de revendicateurs d’artistes qui le faisait avec le coeur.

Effectivement, le film tel que présenté nous le montre bien. Il y a d’un côté, l’artiste qui travail dans l’anonymat pendant des années et dont le succès est le fruit d’une surprise. Et il y a celui qui s’inspire de tout ce qu’il a déjà vu pour faire un show off, un buzz médiatique et cela marche. Ce qui nous pose la question sur la notion d’oeuvre d’art. Est ce qu’il suffit de s’asseoir dans une salle et de demander à des ouvriers de peindre pour soi ou s’il faut non s’asseoir et mûrir sa réflexion.

Ce film interroge vraiment car il laisse penser que le Street Art est un art superficiel. En effet, il nous invite à nous recentrer sur l’essence même du Street Art qui n’a pas pour principe d’être vendu (raison pour laquelle il se fait dans la rue et de façon plus ou moins anonyme).
C’est pourquoi cela peut paraître choquant de savoir que la sculpture représentant une cabine téléphonique rouge, cabossée, fendue par un pioche et saignant, a été aussitôt extraite de son environnement par les autorités pour ensuite être vendue comme œuvre d’art dès lors qu’il a été décidé que cette œuvre n’était plus une œuvre d’art populaire mais plutôt une œuvre d’art écliptique.

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Faites le mur ! (Exit Trhough The Gift Shop) donne donc un bel aperçu sur le Street Art. On y voit des artistes comme Invader, Shepard Fairey, Bansky, tous supposément filmés par Thierry Guetta qui tente lui de devenir un artiste urbain appelé Mr Brainwash. Ce n’est donc pas étonnant que ce film ait été nommé pour l’Oscar du meilleur film documentaire en janvier 2011.

Par ailleurs, je ne sais pas si vous avez fait attention mais le générique des Simpson a été détourné dans le film… sûrement une attaque contre les studios de la Fox que Banksy a voulu ici matérialiser. 

 
Si vous n’avez pas encore vu ce film, il est tant de vous le procurer pour avoir une compréhension de ce phénomène du Street Art qui est voué à ne jamais disparaitre du paysage visuel. 

 

Un site intéressant pour en savoir plus sur Banksy, en cliquant ICI.

 

Chers lecteurs,  Je tiens à vous préciser que cet article n’est pas hors propos. En effet, bien qu’il ne traite pas de Street Art en Afrique ou d’inspiration africaine, j’ai jugé nécessaire de vous faire une présentation plus détaillée du Street Art, profitant ainsi de l’opportunité offerte par CinéDoc Abidjan à travers la projection du Film Documentaire ‘Faites le Mur!’ de Bansky. Mais restez à l’écoute… je vous prévois une belle surprise dans la journée autour du Street Art.  Bonne lecture et à tout à l’heure sur la page Facebook de Original – Arts & Culture.

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