L’exposition Great Black Music a été ouverte au public le 3 mars 2016 sous la Présidence d’honneur de Madame Henriette Dagri Diabaté, Grande Chancelière de l’Ordre National de Côte d’Ivoire. Ce vernissage s’est fait dans le cadre du MASA. Cette exposition est également un bel écho à la célébration du Black History Month plus connu aux États Unis comme le African-American History Month. Il s’agit de la commémoration de l’histoire de la diaspora africaine célébrée durant le mois de février aux États Unis et au Canada et en Octobre au Royaume Uni.

Great Black Music – un exposition sur les musiques noires du Monde 

Cette œuvre d’art permet de faire un retour sur ces artistes américains et africains qui ont marqué l’histoire des musiques populaires du XXème siècle.  C’est donc une chance pour la Côte d’Ivoire et particulièrement pour La Rotonde des Arts Contemporains d’abriter l’exposition. En effet, du 3 mars au 30 mai 2016, cette version adaptée de l’exposition sera à Abidjan. Et ceci, après Dakar en 2010, Saint Denis de la Réunion et Accra en 2011, Johannesburg et Ouagadougou en 2012, Haiti en 2013 et la Cité de la musique à Paris en 2014.

On plante le décor….

Avant tout propos je me dois de vous donner tous les outils pour apprécier cette exposition car elle mérite sérieusement le détour. Si vous êtes un passionné de musique où que vous voulez tout simplement comprendre l’histoire des musiques noires et leur impact sur l’histoire des peuples noirs, vous devez absolument vous rendre à cette exposition.

C’est à côté de chez vous !

Pour les Abidjanais bien sûre… c’est à La Rotonde des Arts Contemporains sise à la galerie Nour Al Hayat, Abidjan, Plateau.

Ce n’est pas cher !

L’entrée est à 1000 FCFA. Une somme vraiment symbolique. Vous n’avez vraiment pas d’excuses si ce sont les aspects financiers qui vous freinent.

Trois (3) heures !

Si vous souhaitez retenir un maximum d’information, il faut prévoir 3 heures. Ce n’est rien dans le week-end surtout lorsque l’on veut entendre de la bonne musique. Par ailleurs, c’est pour apprendre des choses sur des légendes de tous les temps.

Innovation!

C’est le mot qui me vient à la bouche! Il s’agit d’une visite interactive et digitale qui se fait avec un smartguide. Ce dispositif permet donc au visiteur d’interagir avec toutes les installations de l’exposition. Par ailleurs, il peut écouter la musique dans les meilleures conditions possibles. Et c’est bien la première fois de ma petite vie que je réalise une visite de ce type en Côte d’Ivoire. Et pour cause, c’est la première fois qu’une installation de ce type a été réalisée dans le pays.

 

Un clin d’œil pour le handicap auditif 

Axée sur l’ouïe, l’exposition prend tout son sens.  Je trouve que c’est vraiment très intéressant de permette à chacun d’avoir son casque et de s’immerger pour une expérience unique et personnelle. De ce fait, les personnes malentendantes, comme moi, trouveront satisfaction. Effectivement, avec un casque nous n’avons aucun bruit parasite pour écouter les commentaires et la musique. Nous sommes dans les meilleures conditions possibles et cela a toute son importance, je vous le garantie.

L’Exposition Great Black Music

A l’entrée de la galerie, chaque visiteur peut se procurer un smartguide fonctionnant avec une application spécialement développée pour l’exposition. Le terminal est fourni avec un casque wifi. La mise en route est simple et se fait en un clic. Les commentaires sont disponibles en anglais et en français. Nous avons aussi la possibilité de sauvegarder nos choix musicaux grâce à l’application et se créer une playlist à réécouter. Très intéressant !

En plus, le dispositif s’adapte pour permettre des visites en famille, entre amis ou en groupe.

La Rotonde des Arts va ainsi organiser des visites pédagogiques avec des établissements. L’objectif est de sensibiliser les élèves des écoles, collèges et lycées aux musiques noires.

Avant tout propos

Cette exposition est un voyage dans le temps. Elle s’articule autour de cinq (5) espaces qui mettent le visiteur dans une atmosphère particulière et intimiste. C’est un voyage dans l’histoire qui permet ainsi de réaliser l’importance des musiques noires dans l’histoire musicale mondiale. Effectivement, cette exposition met en exergue les points communs qui relient entre eux les différents courants musicaux de la diaspora africaine à travers l’influence des rythmiques, l’usage des silences et l’exploitation des tons et autres techniques musicales propres à la musique africaine.

Vous avez donc un parcours semé de mélodies, de contes, de plaintes, de chants, de rythmes et de récits épiques. Une façon de réaliser, par la suite, à quel point la musique noire est le fruit de chocs culturels et sociaux pour l’émancipation des populations noires.

 

 

 

La première partie de l’exposition

En effet, l’exposition débute avec Les légendes de la musique noire. Nous sommes donc tout de suite mis face à la réalité de grands hommes.  Fela Kuti, Bob Marley, Miles Davis, Gilberto Gil, Miriam Makeba, Ray Charles, Elvis Presley, Nina Simone, Salif Keita, Jimmy Hendrix, Duke Eligton, Franco, Michael Jackson ou Henry Delafonte qui ont, à travers leurs musiques, créent une révolution sociale.

Je m’explique. Si l’on prend le cas de Fela Kuti, sa musique dénonçait notamment la corruption dans son pays le Nigéria ; Miriam Makeba, quant à elle, était une musicienne militante contre la ségrégation raciale, dite Apartheid en Afrique du Sud ; Ray Charles est celui qui réussi l’exploit de faire danser des noirs et des blancs sur la même musique dans les mêmes lieux pendant la ségrégation raciale aux Etats Unis. Et Salif Keita, longtemps stigmatiser pour son albinisme, est celui qui a rendu célèbre la musique mandingue à travers le monde.

Des petits hublots, disposés ça-et-là, présentent ces personnes révolutionnaires à travers une courte biographie.

Une deuxième partie sur les Mama Africa

Nous évoluons ensuite vers l’exposition sur les Mama Africa. Ici, nous faisons face à cinq (5) écrans présentant l’Afrique comme la « terre mère » de la civilisation. Nous faisons donc un retour sur les courant musicaux et les traditions ancestrales. Le but est de réaliser que l’histoire musicale de l’Afrique contemporaine est le résultat d’un brassage culturel continu et perpétuel. C’est ainsi que nous pouvons avoir un aperçu des pratiques musicales de l’Afrique du Nord, de l’Afrique de l’Ouest, de l’Afrique Centrale, de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique Australe.

Lors de la visite, j’ai particulièrement apprécié le passage sur l’Afrique Centrale. En effet, les grands artistes comme Joseph Kabasele dit Pepe Kalé, Taboulé Rochereau, Pierre Akendegue, Antoine Moundada…. ont eu un focus à travers les musiques d’Indépendance. Ces artistes ont mis à l’honneur la Rumba, le Tcha Tcha Tcha, le Bolingo et le Makossa comme Manu Dibango. On peut aussi citer Zao Ancien Combattant. Toutes ces musiques sont le fruit de l’expression de revendication de la jeunesse pour l’indépendance, la lutte contre la colonisation, les guerres civiles ou encore la dictature. En conséquence, pour la libération de la pensée des peuples, la musique est utilisée comme moyen de communication, pour ne pas dire propagande. Ici , il faut voir que la propagande peut être positive ou négative. 

Le troisième volet de l’exposition

Les Amériques noires montrent l’influence dans la musique moderne des musiques créées par les populations noires sur le continent américain. Nous faisons un retour sur l’esclavage et la naissance de ces musiques empreintes d’espoir et de tourments comme le Blues et le Jazz. Ainsi, nous débutons avec un focus sur Louis Amstrong et sa trompette, puis nous voyageons en Amérique. Nous réalisons que la musique noire s’est mélangée et est devenue un subtil métissage de culture afrocaribéenne, afrocubaine, afrobrésillienne… D’où la naissance de genres musicaux divers et variés tels que la Samba, la Mangue, la Salsa…

Du Global Mix à l’African Mix, quatrième partie de l’exposition

Ensuite, le Global Mix met en exergue l’influence des rythmes africains dans de nombreux courants et genres musicaux plus modernes. En effet, les rythmes africains ont touchés le Rock’n’roll, la Pop, leDisco, la Techno et même le Hip Hop. Là encore, il s’agit de révolution sociale avec une envie de dénoncer des injustices. La musique est utilisée comme  écho. Un écho au besoin de la jeunesse d’exprimer sa frustration quotidienne face à des sujets touchant sa génération.

Dans cette partie, une part belle a été faite au African Mix avec la démocratisation des studios musicaux et l’introduction de la musique électronique. Les premiers à avoir utilisés ce style de musique sont les ivoiriens avec le Zouglou.  Un phénomène artistique et social innovant et en rupture avec la musique traditionnelle. Plus tard, en 2003, le Coupé Décalé est né. Un concept inspiré d’une danse de l’ethnie Attié de Côte d’Ivoire avec Doug Saga et 2Bordo. En Angola naissait le Kuduro, une danse mélangeant les rythmes du carnaval avec une musique rudimentaire électronique. Son principal promoteur est le célèbre Dog Murras. Il a été également fait un présentation du Kowetto une danse sud africaine avec le Pantsula. Elle rappelle la danse des mineurs et qui est proche du Steppin’. Je l’ai découverte en 2009 et je vous avoue qu’elle est très entrainante. Enfin, pour finir, le Mali a été mis à l’honneur avec des musiciens tels que Issa Baga Yoko et Sidiki Diakité. Ils ont su moderniser la musique mandingue en y ajoutant un mixage de rythmes traditionnels et électroniques.

Les Rythmes et Rites sacrés

Enfin pour terminer,  une installation dénommée Rythmes et Rites sacrés comme un rappel sur l’imprégnation de la musique noire dans les rituels et croyances. J’ai beaucoup apprécié cette installation car j’aime tout ce qui est art in situ. C’est-à-dire Art exploitant l’espace et imposant au spectateur de devenir lui même acteur de l’œuvre d’art. Nous avons ainsi une projection sur des draps tendus sur les différents rites tels que le vaudou, le candomblé afro-brésilien ou le maloya réunionnais. Les draps sont tendus de telle sorte à créer un passage qui vous permet de faire une traversée dans ses rites et croyances aux rythmes des chants et musiques associés à ces derniers. Je crois que c’est l’installation que j’ai le plus apprécié dans cette exposition.

En conclusion, Great Black Music est une invitation à repenser les musiques noires à travers une série d’influences puissant leurs racines dans l’histoire profonde des peuples noirs.

Le petit bémol…
Comme je l’ai indiqué en introduction, l’exposition est une version adaptée de l’originale. Par conséquent, il y aura quelques déceptions pour ceux et celles qui ne verront pas certaines pointures de la musique. Mais il fallait que le réalisateur de l’exposition fasse un choix. Pour ma part, j’ai trouvé l’ensemble génial et bien organisé.

Vous avez ainsi mon petit aperçu de cette visite que je vous conseille vivement de faire. Vous ne regretterez pas !

Bonne découverte !