Jusqu’au 14 janvier 2019, la Fondation Louis Vuitton à Paris présente une grande rétrospective sur Jean-Michel Basquiat. L’artiste, qui a débuté sa carrière dans les rues de New York et qui a connu une fin tragique à seulement 27 ans, compte aujourd’hui parmi les artistes les plus recherchés sur le marché de l’art.
Par Tanja Schreiner
De l’underground new-yorkais à l’un des artistes les plus chers du monde
Ce sont les rues de sa ville natale New York, dont Jean-Michel Basquiat fait son premier atelier. À l’âge de 16 ans, le jeune d’origine haïtienne et portoricaine, commence à réaliser des graffitis sous le pseudonyme SAMO©. Un an avant la fin de sa scolarité, Basquiat décide de quitter l’école. Il squatte chez des amis artistes, joue dans un groupe de musique et gagne son argent avec la vente de cartes postales et de tee-shirts peints à la main.
En 1980, alors âgé de 20 ans, il présente ses œuvres pour la toute première fois au grand public, lors d’une exposition collective dans un immeuble désaffecté du Times Square. Modène, Bâle, Paris, Tokyo, Salzbourg, Kassel, Los Angeles – depuis cette première exposition, Basquiat ne cesse d’être sollicité par des galeries et musées dans le monde entier. En moins de 10 ans, jusqu’à sa mort en 1988, il réalise quelque mille peintures et plus de deux mille dessins.
L’un des peintres les plus marquants du XXe siècle
Depuis, le prix pour ses œuvres ne cesse de monter. En 2017, un de ses tableau a été vendu à 110,5 millions de dollars – augmentant sa valeur de plus de cinq mille fois par rapport à sa première vente à 20.900 dollars il y a une trentaine d’années. En franchissant la barre des 100 millions de dollars, Basquiat s’est ajouté à la liste des artistes les plus chers du monde, accompagné de noms tels que Pablo Picasso, Alberto Giacometti ou aussi Andy Warhol, avec lequel il a réalisé plus de 150 œuvres communes.
Si la Fondation Louis Vuitton lui consacre aujourd’hui cette grande rétrospective, c’est grâce au présent de la fondation d’art contemporain, Bernard Arnault. L’homme le plus riche d’Europe compte lui-même plusieurs œuvres de Jean-Michel Basquiat dans sa collection personnelle. Il considère l’artiste américain « comme l’un des plus importants de la seconde moitié du XXe siècle ».
Abritée dans l’immense bâtiment futuriste, conçu par le célèbre architecte américano-canadien Frank Gehry au milieu du bois de Boulogne, l’exposition réunit plus de 120 peintures, collages et dessins. Beaucoup d’entre eux n’ont jamais été exposés, comme l’explique Suzanne Pagé, directrice artistique de la fondation, car l’œuvre de Jean-Michel Basquiat se trouve aujourd’hui principalement dans des collections privées. Des collectionneurs dans le monde entier ont prêté des œuvres à la fondation française pour réaliser cette rétrospective.
Une œuvre engagée
Sur quatre étages, l’exposition mène à différents thématiques comme la rue, qui pour Basquiat était atelier et source d’inspiration à la fois, ou des héros tels que des boxeurs ou combattants. « Basquiat se reflète, comme en un miroir, dans ses figures de boxeurs noirs et de musiciens de jazz, mais aussi de victimes de la brutalité policière et du racisme au quotidien », explique Dieter Buchhart, commissaire de l’exposition. Ses œuvres « répercutent les attaques contre l’humanité replacées dans les contextes du colonialisme, de l’esclavage et du racisme mais aussi dans leur environnement contemporain. »
Une autre partie de l’exposition porte sur la figure noire – ou « l’homme invisible », comme disait Basquiat – qu’il visait à faire exister dans l’espace social et culturel. Une mission née du constat de son absence dans les grands musées dans lesquels sa mère l’emmenait depuis tout petit. Dans plusieurs de ses tableaux on retrouve par exemple le griot d’Afrique de l’Ouest, figure de transmission de récits et de traditions.
Pourtant ce n’était qu’une seule fois que Basquiat mettait les pieds en terre africaine. En 1986, il visitait la Côte d’Ivoire, où une exposition était organisée à sa demande au Centre Culturel Français à Abidjan. Il partait ensuite dans le nord, à Korhogo, à la rencontre des Sénoufos. Basquiat comptait retourner en Côte d’Ivoire deux ans plus tard, mais meurt à New York peu avant son voyage, à l’âge de seulement 27 ans, suite à une overdose.
« Jean-Michel Basquiat », du 3 octobre 2018 au 14 janvier 2019, Fondation Louis Vuitton, 8 avenue du Mahatma Gandhi, 75116 Paris, www.fondationlouisvuitton.fr.
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