A 70 ans, Kouamé Youssef continu à porter la culture Akan à l’échelle internationale

Kouamé Youssef est un artiste plasticien ivoirien autodidacte présent dans la plupart des collections de tous les plus grands mécènes de Côte d’Ivoire mais aussi dans celles de grandes personnalités dont Obama, ex président des Etats Unis d’Amérique. Il expose jusqu’au 8 mars au Sofitel Hotel Ivoire. Découvrons le à travers la plume de KOUASSI Richard,  conservateur de musée et critique d’art.

Sankofa de Kouamé Youssef jusqu’au 8 mars 2018 au Sofitel Hotel Ivoire

 

Kouamé Youssef, le peintre au pinceau de cure-dent

Kouamé Youssef, artiste peintre professionnel, peint et vit essentiellement de la peinture depuis une cinquantaine d’années. Il vit en Côte d’Ivoire et réside à Yamoussoukro où se trouve son atelier de création.

Fils d’agriculteur, né à Dégbézré en pays Yaourè, peuple connu pour leur parfaite maîtrise de l’art sculptural sur bois, notamment des masques et statuettes stylisées,
il arrête les études en classe de cours préparatoire deuxième année (CP2) et trouve un emploi d’ouvrier sur un chantier de construction à Toumbokro . Sur un coup de tête, il décide d’abandonner son emploi pour devenir un artiste peintre. Il se rend alors à Bouaflé, achète quelques tubes de peinture et rentre au village pour s’exercer. Sur le chemin du village, il s’arrête dans une clairière, sort un carton d’emballages de son sac de voyage, s’assoit sur un tronc d’arbre et décide de gribouiller le portrait d’une jeune fille. Il se rend compte qu’il n’avait pas acheté de pinceaux. Il coupe alors, une brindille en guise de cure-dent et l’utilise comme pinceau. Une carrière d’artiste peintre venait de commencer.

Peintre autodidacte sans complexe, Kouamé Youssef a appris l’art du dessin et de la calligraphie dans les ateliers de maîtres calligraphes et a suivi des cours de dessin par correspondance (1966). Après avoir écumé les ateliers de maîtres calligraphes et peintres naïfs à Bouaflé et à Yamoussoukro, il décide de s’installer à son propre compte, d’abord, à Toumbokro (1970), puis définitivement à Yamoussoukro (1983).
Là, il partage le marché de la calligraphie avec quelques ténors comme Bob, le Ghanéen et N’diaye, le Sénégalais. C’est alors qu’il se tourne vers la réalisation de portraits à partir des images photographiques.

Très vite, il devient le portraitiste attitré des personnalités de la région, notamment, des personnalités politiques, religieuses, administratives, traditionnelles et surtout des grands planteurs (Houphouët Boigny, Martin Kouadio Kouakou, Jean Konan Banny, Charles Konan Banny, Kouadio Bloffouè, Abdoulaye Diallo, Mamie Faitai, Mamie Adjoua, Tanoh Kouassi Atchègoua, Atindan Kouassi Edouard etc.).
En outre, il s’illustre dans la décoration des édifices religieux (églises catholiques et la basilique Nôtre Dame de la Paix de Yamoussoukro), des caveaux (tombes familiales). Quelques fois, il réalise des tableaux figuratifs qu’il vend aux cadres et personnels des grandes écoles de Yamoussoukro.
Suite à un incident avec la responsable de la célèbre galerie « GO» du Plateau à Abidjan, il met volontairement le feu à l’ensemble de ses œuvres que constitue son stock de tableaux réalisés à cette époque. Il marque un arrêt, se questionne sur son avenir et son écriture picturale.

Depuis lors, il se lève tard dans la nuit, effectue quelques marches solitaires dans les rues jouxtant sa résidence-atelier situé non loin de l’église Saint Augustin de Yamoussoukro. Au cours de ses randonnées nocturnes, il a eu une vision en observant le sommet de la cloche de l’église. Une image se détache clairement. Il l’observe. Il se retourne rapidement à l’atelier pour croquer les éléments qui animaient sa vision.

Pour lui donc, il venait de trouver les éléments de base constitutifs d’une écriture propre à lui. Il s’emploie depuis lors à développer et à peaufiner sa marque, son sceau, son style, disons, son écriture en s’inspirant des motifs du textile traditionnel baoulé, gouro et des figurines yaourè.

Fort de sa grande connaissance de la civilisation akan baoulé riche de symboles, de divers signes graphiques et iconographiques (poids à peser de l’or, objets, ustensiles utilitaires et cultuels traditionnels et autres identifiants culturels), il crée un style de composition qui devient son écriture, alliant les techniques de l’expressionnisme et du cubisme en restant fidèle et constant dans ses représentations (espace, forme et couleur).

Il a glané beaucoup de prix et participé à de nombreuses expositions collectives.
Ses tableaux meublent les réserves de beaucoup de collectionneurs, de mécènes, d’amateurs d’arts et les murs des hôtels prestigieux de Côte d’Ivoire.
Kouamé Youssef peut être classé dans la catégorie des peintres majeurs de la première génération en Côte d’Ivoire.
Il est musulman pratiquant, héritage de son père lui-même musulman. Il est considéré comme un sage et un érudit et reste une référence dans la région de Yamoussoukro sur le plan artistique.

Sankofa de Kouamé Youssef jusqu’au 8 mars 2018 au Sofitel Hotel Ivoire

A lire :

L’exposition Sankofa de Kouamé Youssef est organisé par Nekoda Communication et se tient jusqu’au 8 mars 2018 au Sofitel Hotel Ivoire à Abidjan .

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