A Abidjan, Boris Nzebo interroge les sociétés africaines à travers les coiffures des femmes

L’artiste plasticien camerounais Boris Nzebo expose pour la première fois à Abidjan (Côte d’Ivoire) du 27 octobre 2017 au 31 janviers 2018. L’exposition “Mutants” accueillie par la Fondation Donwahi est  une façon de nous interroger sur les sociétés africaines à travers les coiffures des femmes. Découvrons les grandes lignes de cette exposition.

‘Mutants’ de Boris Nzebo – Fondation Donwahi

Mutants, la coiffure comme art à part entière

“La coiffure est révélateur de l’état de nos sociétés actuelles – la coiffure… un prétexte.” Boris Nzebo nous interpelle à travers de nombreux messages écrits en rouge, lettres de sang? lettres de sociétés meurtries?

 

Ces tableaux vifs et colorés laissent apparaître en premier plan des femmes arborant de belles coiffures tressées, des nattes rappelant les coiffures d’antan loin des coiffures modernes telles que les tissages, perruques et autres défrisages que l’artiste assimile à des “greffes”. On se retrouve donc dans un mélange de lignes, de traits, qui se croisent, se décroisent, se chevauchent, se recouvrent, s’effacent… nous obligeant à forcer notre regard pour déconstruire la toile et voir ainsi apparaître la coiffure dans un premier plan et d’autres réalités comme le terrorisme, le viol, les enfants soldats, la prostitution, les conflits armés… des maux qui touchent nos sociétés modernes.

La coiffure est donc un prétexte pour attirer notre attention sur des faits de société beaucoup plus profonds et ainsi en appeler à notre prise de conscience.

Mutants, les Fashion Victims

Durant l’exposition, l’on peut apprécier la présence de 10 Têtes Mutantes. C’est la première fois que l’artiste réalise ce type d’installation. Ces têtes qui semblent tout droit sortie des tableaux sont le début d’une série intitulée “Fashion Victims”. Elles traduisent ces préoccupations urbaines qu’il a pu constaté, notamment en étant à Abidjan et soulèvent la question suivante :

Pourquoi ne prenons-nous pas soin de nos sociétés comme l’on prend soin de nos cheveux ?”

‘Mutants’ de Boris Nzebo – Fondation Donwahi

Dans une société très matérialiste comme la société ivoirienne, le débat sur la question identitaire peut ici faire rage.
Les jeunes Africaines, en crise identitaire ?
Les jeunes Africaines, en face des stéréotypes de beauté occidentaux?
Les jeunes Africaines, victimes d’un business mondial?

Elles dénaturent leurs cheveux en y ajoutant des mèches, des perruques, en se défrisant les cheveux en vue de paraître plus belles au détriment de l’acceptation de soi. Elles dépensent des fortunes pour se transformer au péril parfois de leur santé. Préoccupations identitaires? Préoccupations urbaines? Préoccupations financières? Qui aura les derniers mots ? Qui saura les derniers maux?

Seules ces femmes pourront trouver la solution et c’est ce que Boris Nzebo a voulu traduire à travers ce poème intitulé Têtes Mutantes.

Têtes Mutantes 

Têtes Mutantes
Têtes en l'Hair
Fashion Victims
Victimes de la mode 

Je sors les personnages de mes Toiles
Je les décline
Je m'interroge
Sur les idéaux et rêves de ces jeunes
Sur les idoles, les "Stars"...
Sur leur manière de s'approprier la personnalité de ces idoles
Devenant ainsi Victimes... de la mode

Ainsi, ces femmes victimes sont invitées à prendre conscience de la manipulation dans laquelle elles évoluent en vue de se réapproprier leurs identités.

L’exposition est accessible du 27 octobre 2017 au 31 janvier 2018 à la Fondation Donwahi sise Boulevard Latrille face à l’Église St Jacques à Abidjan (Côte d’Ivoire).

 

2 réflexions sur “A Abidjan, Boris Nzebo interroge les sociétés africaines à travers les coiffures des femmes”

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