Bien qu’il ait connu ses premiers balbutiements au début des années 1970, le Vohou Vohou est officiellement né en 1985, date à laquelle de jeunes peintres « dissidents » organisèrent au Centre culturel français une exposition-manifeste qui sanctionnait la fin de leurs années d’études. Parmi eux : Koudougnon Théodore, N’Guessan Kra, Yacouba Touré dit Yack, Youssouf Bath, Ibrahim Keïta… puis Mathilde Moreau, Tiébéna Dagnogo…

Vohou Vohou, un courant artistique ivoirien
Le terme Vohou Vohou, qui signifie « assemblage de n’importe quoi », se présente comme un art de la récupération, de l’assemblage et du collage sur châssis de matériaux hétéroclites : ficelles, tapas (écorces battues), cauris, rotin, sable, plâtre, carton, colle, plumes, arrêtes de poisson…
« On faisait de l’art avec tout ce qu’on trouvait », se souvient Josette Dagnogo, grains de café, poils de balais, plumes, charbon, cailloux, sans dépenser un seul sou. Vous savez, les enfants qui venaient des villages n’avaient pas d’argent pour s’acheter du matériel, donc on s’est débrouillés comme on a pu, utilisant les moyens du bord pour développer la créativité de cette école ».
En rejetant le matériel onéreux importé de France pour lui substituer des supports et des matériaux locaux (la toile de lin cède ainsi place à l’écorce de bois battu et à la toile de jute, tandis que les huiles et acryliques sont remplacées par des colorants obtenus à partir de décoctions naturelles), les membres du Vohou Vohou entendaient promouvoir une esthétique négro-africaine et furent encouragés dans leur démarche par Jacques Yankel, professeur aux Beaux-Arts de Paris (la tradition d’enseignement voulait que la dernière année d’études s’effectuât à Paris), et sur place par les Martiniquais Hélénon et Gensin. Yankel a d’ailleurs constitué une collection aujourd’hui en dépôt au musée des Arts premiers.
Au fil du temps, le groupe se désagrégera, chacun s’orientant vers une individualisation progressive de son travail. Néanmoins, quelques artistes contemporains comme Salif Diabagaté assurent aujourd’hui la relève avec talent. Il y a quelques années, Yacouba Touré lança le Daro-Daro, dans la continuité du Vohou-Vohou. Il s’agit donc d’un art à la fois libéré du prestige du musée et proche des gens.
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