Faits bruts. Thérapie locale collective? Issa Diabaté et Hien Macline invitent à la réflexion avec “Brut Local”

La LouiSimone Guirandou Gallery nous invite jusqu’en février 2018 à découvrir Brut Local, une exposition réunissant Issa Diabaté et Hien Macline, respectivement en design mobilier et photographie. Nous sommes invités à travers une série de photographies brutes et des objets de design mobilier bruts à découvrir un message brut, profond, sobre à travers des jeux de mots, de maux, de matières et de couleurs. Découvrez les grandes lignes de cette exposition.

BRUT LOCAL – Exposition de Issa Diabaté et Hien Macline à la LouiSimone Guirandou Gallery

Brut Local, l’Art comme thérapie collective

Brut Local est une interrogation sur notre société contemporaine. En effet, les deux artistes, très complémentaires dans leurs approches, bien qu’utilisant des médiums totalement différents, nous invite à porter un regard différent sur la cité dans laquelle nous évoluons au quotidien.

Brut Local, lorsque les objets définissent notre réalité

Issa Diabaté nous propose de porter un autre regard sur les objets, la matière et leur fonctionnalité. Les mobiliers présentés sont inspirés de modèles traditionnels à savoir, entre autres, une table à manger, une chaise longue, un tabouret..). Ils ont des traits bruts, des lignes droites empreintes de sobriété et sont réalisés avec du contreplaqué, un matériau qui revient à la mode. Une matière brute, malléable à souhait et surtout qui sait tout faire. Il s’agit donc d’une invitation à notre créativité et à notre réappropriation des objets, des matières et des matériaux au delà de leur vocation sociale initiale en vue de les réintroduire dans notre nouvel environnement social. Les objets, qui nous entourent, forment notre réalité quotidienne. Ils façonnent notre esprit à l’image des mots, des scènes que nous vivons et des livres, des films, des musiques que nous lisons, regardons et écoutons. Le message est donc clair, choisissons les objets qui créeront notre réalité quotidienne.

Brut Local, lorsque le temps nous ouvre à l’espoir et la renaissance

Hien Macline, à travers ses séries de photographies intitulées “Cicatrices”, “Cité de la Paix” et “Ruines” nous plonge dans l’histoire récente de la Côte d’Ivoire, celle de la crise électorale. Ces photographies sont comme des témoignages de l’histoire commune locale. Les faits sont bruts. Les scènes sont brutes. Rien n’échappe à l’œil de Hien Macline qui capture ces instants de vie tels des blessures, des cicatrices laissées sur les corps, dans les corps et dans les cœurs.

Les photographies de Hien Macline pourraient être qualifiées de photographies documentaires. Elles sont douces, sobres, brutes mais puissantes. Puissantes car au delà des mots, elles laissent apparaître des maux bien plus profonds. Entre photographie noir et blanc et couleur, nous oscillons dans les méandres de la mémoire. Entre spleen et idéal, bonheur perdu ou retrouvé, c’est un travail psychosociologique sur la société local qui nous est présenté. On ne doit pas oublier mais on doit surtout penser à panser les blessures pour avancer. Loin de la mélancolie, de la violence et de la brutalité, c’est un message d’espoir, de renaissance que ces photos inspirent en nous rappelant que le temps est notre thérapie. Le temps qui passe montre que la vie continue. Et la vie, c’est l’espoir, c’est la renaissance.

Brut Local, Paix dans la cité

Durant votre promenade entre le mobilier design et les photographies, vous marquerez une pause sur un poème de Michel Alex Kipré : Paix dans la cité.

Ce poème est une belle illustration des séries de photographie de l’artiste Hien Macline. Il interpelle le visiteur sans mettre des mots sur les maux mais en rappelant que nous faisons tous face à l’épreuve du temps.

Paix dans la cité 

Sur les traces du temps qui fuit, 
S'en suivent les transes de tant de fuites, 
S'éternise la fixité de nos errances, nos transes, 
L'éternité de notre double : science et conscience.
Cas de conscience, double éternité.
D'hier à aujourd'hui, 
De l'argentique au numérique,
Du noir et blanc, couleurs chantantes d'hier, 
A la noirceur blanchie par les couleurs changeantes de l'instant.
Monochrome d'une verdure défraichie dévorant l'épreuve du temps,
Verdure dévorant charpente, case d'inconscience,
Rampe d'escalier vieillie par la noirceur humaine.
Guirlandes d'effets d'un ciel en feu,
Barbelés de protection,
Ceinture d'insécurité à l'abandon,
Des forces du désordre.

Bruits de botte et silence des pantoufles.

Hommage à l'advenir...

Rendez-vous à la LouiSimone Guirandou Gallery pour découvre l’exposition Brut Local accessible jusqu’en février 2018.

 

Les expositions passées à la LouiSimone Guirandou Gallery :

 

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