Retour sur l’exposition Du Jourdain au Congo ou les arts africains dans le christianisme au Musée du Quai Branly

L’exposition « Du Jourdain au Congo » s’est tenue du mercredi 23 novembre 2016 au dimanche 2 avril 2017 au Musée du Quai Branly. Cette exposition nous présenta l’art et le christianisme en Afrique Centrale. Retour sur cette exposition. 

Du Jourdain au Congo – l’Art et le Christianisme en Afrique Centrale

L’exposition Du Jourdain au Congo nous fait un rappel historique de l’arrivée du christianisme au royaume du Kongo, qui couvrait le sud du Gabon, la République du Congo, l’extrémité occidentale de la République Démocratique du Congo et le milieu de l’Angola et qui regroupait des populations parlant les variantes de la même lange, le kikongo. Ce royaume du Kongo a été fondé au 14ème siècle. Les Portugais le découvrirent en 1482 et sont restés les principaux Européens présents dans la zone jusqu’à l’époque coloniale à la fin du 19ème siècle. C’est la conférence de Berlin (1885) qui partagera les différents royaumes africains entre les puissances portugaises, françaises puis belges.

Ces Européens essentiellement présents pour le commerce vont envoyés aux côtés des commerçants, des artisans et des soldats, des missionnaires dont le rôle est d’évangéliser les peuples africains et de créer une rupture avec leurs cultures animistes. Une première vague d’évangélisation aura donc lieu entre le 15ème et le 18ème siècle puis une seconde aura lieu aux 19ème et 20ème siècles.

Ces missionnaires sont ainsi à l’origine de nombreuses conversions superficielles et il faut noter que l’un des principaux freins à une christianisation plus complète dans la région a été l’interdiction de la polygamie, un aspect trop important des cultures de cette partie de l’Afrique.

Du Jourdain au Congo – La question de l’évangélisation

Dans cette exposition on nous fait comprendre comment l’art africain a été exploité pour renforcer l’évangélisation des peuples africains et ainsi faire une rupture avec les cultures animistes. Les missionnaires ont décidés de personnifier les divinités chrétiennes en vue de mieux réussir la sensibilisation. Pour se faire, ils les ont africanisés afin que les populations africaines s’y reconnaissent et s’y identifient.
On découvre donc une série d’objets de pouvoir des dirigeants kongo comme des cannes-scpectres, stèles funéraires, cuillères pendentifs qui sont une révélation des relations et influences développées entre les Kongo et les Européens. Ces objets sont des symboles du maintien des traditions anciennes Kongo et de l’adaptation au catholicisme.

Des représentations fortes comme :

  • Le nkangi-kiditu, les crucifix sont devenus un symbole du monde des vivants et de celui des ancêtres et étaient transmis de génération en génération et remis au successeur du chef à smart. Ils étaient garants de son pouvoir et de sa légitimité;
  • Les figures des saints sont présentés comme Saint Antoine qui manifeste de la présence portugaise. On raconte qu’au début du 18ème siècle vivait une jeune femme kongo de haute lignée (Dona Beatriz Kimpa Vita) qui reçut une vision de Saint Antoine qui lui aurait demandé de restaurer la grandeur du royaume Kongo. Cette vision donna naissance au mouvement religieux de l’antonionisme. C’est ainsi que Saint Antoine devient une sorte de dieu qui exprime ses revendications religieuses et politiques à travers Kimpa Vita. Concernant le culte de la Sainte Vierge, il est venu beaucoup plus tard, à la fin du 19ème siècle, au début de la période coloniale. Ce culte de la Vierge faisant écho à celui présent en Europe à la même époque.
  • Les santu nzaambi, qui mettent en scène un personnage, les bras relevés à l’horizontale évoquant la crucifixion.
  • les hamba, des statuettes matérialisant des esprits influant sur le monde des hommes (fertilité, maladie, chasse…)

Du Jourdain au Congo – L’évangélisation moderne

La troisième vague d’évangélisation congolaise s’est tenue au 20ème et 21ème siècle. Ces siècles ont vu apparaitre de nouvelles formes de pratiques spirituelles chrétiennes en Afrique Centrale se démarquant du catholicisme et du protestantisme traditionnels.

La plus connue est le Kimbanguisme qui provient de l’émergence dans l’ex-Congo belge (actuelle RDC) en 1921 du prophète Simon Kimbangu. Ce dernier indiquait réaliser des miracles tels que des guérissons et résurrections tout en s’érigeant contre le fétichisme et la sorcellerie. Il disait agir au nom du Maeve, l’Esprit assimilé à l’Esprit Saint et interprétait la Bible tout en prophétisant le renversement de la force coloniale. Il faut donc rapidement accusé par les coloniaux d’incitation à la xénophobie, d’incivisme et d’atteinte à l’ordre public. Malgré la répression, le mouvement s’est répandu chez les Kongo jusqu’à l’actuel RDC et l’Angola. Il se diversifia et donna naissance à d’autres mouvements prophétiques qui ont subsistés après l’Indépendance.

Cette exposition nous donne donc un aperçu sur l’usage de l’art negro chrétien pour évangéliser les africains.

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