Dans Paroles d’Artistes, Ange Arthur Koua revient sur sa carte blanche à la LouiSimone Guirandou Gallery. Cette exposition s’est tenue du 5 novembre au 12 décembre 2020.

Cette carte libre arrive à un moment particulier. La réouverture des galeries suite à la Période appelée le grand confinement liée à la pandémie de covid 19. Comment avez vous vécu cette période ? A-t-elle été un moment propice à votre créativité ? Dites nous en plus.
Cette période a été forcément éprouvante pour beaucoup de personnes, notamment les artistes habitués à sortir, à rencontrer des gens, la nature et de mourir leurs créativités de toutes ces rencontres… forcément privé de tout ça l’artiste a dû soit s’arrêter de créer d’une manière ou d’une autre ou s’adapter…. S’adapter fut mon cas. Pour moi, cette période inédite a ouvert, plusieurs, et de nouveaux champs de recherches et de création. Je ne pouvais être muet… j’avais le cerveau en ébullition.
Les œuvres que vous avez présentées sont des œuvres en grand format. Pourquoi ces formats et pourquoi ce choix de matières ?
J’ai fait le choix de ce format car j’ai voulu que cette création soit observée avec une certaine distance. Une certaine distance parce que ces dessins mélangés à des formes épurés et des détails prononcés ont pour but d’ouvrir un grand champ de questions. Des questions où le mystique , le spirituel, la poésie et mouvement cohabitent…. J’ai souhaité que l’œil du spectateur soit séduit non pas par la couleur, ce qui justifie le choix monochrome noir, mais plutôt par l’histoire que racontent chacune de ces pièces. L’histoire qui évolue selon le regard, selon l’appartenance idéologique, politique, religieuse…
Cette matière s’est imposée à moi notamment pendant la période du confinement où mes déplacements étaient limités… Ce sont des bâches qui servent à sécher les amandes de café et de cacao dans les villages que j’ai pu visiter dans la région de l’agneby tiassa notamment à N’douci. A la fois objet presque d’aucune valeurs mais très importante car anciens conditionnements de l’un des aliments le plus consommé: le riz. Ils servent de support de séchage au fruit du labeur des paysans. Ces bâches solides m’ont séduit car elles répondaient ce que je recherchais…

On voit du tissu (jean notamment), du plastique recyclé ? Est ce que une façon de faire passer un message a travers la matière ? Si oui, lequel ?
Le choix du tissus notamment le jean, pour moi, se justifie par le fait que le jean a une mémoire… Aujourd’hui l’un des vêtements les plus portés au monde, le jean est presque tout terrain. Des plantations aux supermarchés, dans les bureaux ou dans la rue… Il est toujours présent, s’enrichissant ainsi de pas mal d’expériences. Chez nous les Akans on dit que l’esprit (wawê) de l’homme demeure dans ses vêtements même après sa mort. Toutes ces raisons m’ont fait aimer davantage ce matériau.
Au niveau de la conception de vos œuvres, on voit apparaître des silhouettes mi hommes, mi animal ? Que voulez vous signifiez à travers cette personnification ou par ce caractère animal des sujets mis en scène ?
En intégrant dans ces œuvres ces animaux des histoires et mythologies africaines, et les mélangeant aux créatures humaines je veux créer des scènes poétiques. Je parle de scènes poétiques, mouvementées, qui percutent dans l’ensemble mais très poétiques…

Une œuvre attire notre attention en particulier. Celle avec l’araignée, le gorille, la silhouette humaine et les plumes ? Que signifient tous ces symboles ?
Ces symboles comme indiqué plus précédemment appartiennent aux légendes et à la mythologie africaine. Ils sont porteur de messages, de leçons, d’instructions…
Question ouverte et facultative. Comment voyez vous l’avenir de la promotion des artistes dans cette période fortement troublée par la crise sanitaire et imposant des nouveaux modes de comportements (mesures barrières notamment ?
Pour moi il n’existe qu’un seul remède : s’adapter et innover. Le monde après covid a de nouvelles réalités, cela demande de nouvelles dispositions, une nouvelle manière d’affronter les défis.