Livresque 18 : Rencontre avec les auteurs de Poings d’Interrogation

Ce dimanche 14 août 2016, je me suis rendue à Livresque 18 qui est un rendez-vous littéraire initié par Yehni Djidji, blogeuse, scénariste et écrivaine, fondatrice du site web culturel et littéraire http://www.225nouvelles.com et médaillée de bronze aux jeux de la francophonie en 2013. Cette rencontre avait pour objectif de nous présenter le livre Poings d’Interrogation et de nous permettre d’avoir un échange avec les auteurs. Retour sur cette rencontre. 

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@Livresque

Les rencontres littéraires “Livresque” 

C’est lors d’une conversation avec une amie que j’ai entendu parlé des rencontres littéraires “Livresque”. Je ne connaissais pas. J’ai donc fait une petite recherche et j’ai découvert que c’est Yehni Djidji, blogueuse et accessoirement Trésorière de l’Association des Blogeurs de Côte d’Ivoire (ABCI) dont je suis membre qui en est l’initiatrice. J’ai donc décidé de m’y rendre surtout que l’objet de la rencontre m’intéressait puisque j’ai dévoré le livre dont il était question de débattre. Mais avant dans rentrer dans le vif du sujet, je souhaite vous expliquer l’objectif et les moments phares des rencontres littéraires “Livresque” en quelques points :

L’objectif :

Les rencontres littéraires “Livresque” sont le fruit d’une réflexion sur la nécessité de faire rayonner la littérature à travers la lecture et l’écriture. En effet, le constat actuel fait état d’une régression de la pratique de la lecture notamment chez les plus jeunes. Pour palier cette situation ou du moins réduire son impact, Yehni Djidji a lancé en septembre 2012 le site 225nouvelles.ibems.com, une plateforme où les écrivains débutants ou confirmés peuvent publier leurs nouvelles.
A l’issue de cette initiative et par nécessité de passer du virtuel au réel et d’accroître l’impact de l’action, les rencontres littéraires “Livresque” ont vue le jour. Elles se veulent être un espace d’expression pour ceux qui ont déjà la fibre littéraire et permettra à terme de susciter l’envie chez les autres en proposant des activités sortant des pratiques usuelles.

Le contenu des rencontres littéraires “Livresque”

Les rencontres “Livresque” s’articulent autour de différents moments forts que sont :

  • Block Blind Date : Chaque invité doit venir avec un livre neuf ou en bon état à offrir. Ce livre constitue le droit d’entrée à Livresque. Un numéro lui sera attribué. Par la suite, l’invité devra motiver son choix pour cet ouvrage pendant un court speech sans mentionner le titre et le nom de l’auteur de l’œuvre. Au moment de l’échange, les participants, par ordre d’arrivée, choisissent un livre sur la base du résumé des «speakers» et vont ainsi se laisser aller à la découverte d’un nouvel ouvrage. J’aime beaucoup ce concept. Je lis beaucoup et en fin de lecture je distribue souvent mes livres dans des bibliothèques de quartier. J’ai donc une nouvelle possibilité d’en garder quelques uns que j’apprécie pour les partager.
  • Causeries débats : Il s’agit d’un moment d’échanges sur un thème en rapport avec la littérature, entre participants ou avec des auteurs invités.
  • Intermède musical : Il est proposé à un artiste accompagné de son instrument de faire une proposition musicale en vue “d’adoucir les lettres”.
  • Poésie Libre, Théâtre et Slam : Livresque se veut être un lieu qui favoriser l’expression artistique en donnant la parole aux poètes, dramaturges et slammeur.

Livresque 18 : Rencontre avec les auteurs du livre Poings d’Interrogation

Livresque 18 a commencé par une présentation rapide des auteurs.
Par la suite, des passages du recueil ont été lus par les auteurs et des participants ont poursuivis la lecture. J’ai beaucoup aimé ce moment, je trouve que c’est vraiment intéressant de donner la parole aux invités car ici personne n’est jugé. Nous apprenons à prendre la parole en public en quelques sortes. Premier bon point de Livresque 18.

 

A l’issue des lectures, un représentant de l’équipe “Des mots, des images” qui est un collectif de six (6) personnes qui écrivent des textes plutôt sous forme de poésie depuis 2006 s’est exprimé pour présenter le recueil qu’ils ont récemment publiés. Il s’intitule “Brutal” et rassemble des poèmes. Il nous a été fait le plaisir d’écouter deux poèmes. Le première est “Etre une femme” et le second “Le silence des anneaux”. Le premier fait référence à la force des femmes et le second évoque le mariage.

Échanges avec les auteurs de Poings d’Interrogation

La partie tant attendue débuta au bout de quinze (15) minutes. Il s’agit de l’échange avec les auteurs. Pour avoir la biographie des auteurs, je vous invite à cliquer ICI.

@Livresque
@Livresque

Les échanges ont été orientés en deux parties. La première a été consacrée au livre en tant que tel et la seconde au problématique du secteur du livre en Côte d’Ivoire.

 

  • Partie 1 : Echanges sur le Livre Poings d’Interrogation

Comment cette aventure à commencer? Les circonstances ?
Les auteurs s’accordent à dire que ce projet a spontanément vue le jour et est l’initiative de Yahn Aka, écrivain, éditeur et chroniqueur littéraire dans la presse écrite. Il a souhaité réunir différents auteurs en vue de produire un livre via sa maison d’édition dénommée ‘Édition maïeutique’ qui est accessoirement à la publication de son 10ème livre.

 

La thématique des textes : Comment la sélection des textes a été faites ?
Les auteurs indiquent qu’il n’y a initialement pas eu de thématiques prédéfinies. Les auteurs ont chacun proposés deux textes que chacun a relus en faisant des suggestions pour correction ou reformulation. C’est à ce moment là que chacun a pris conscience de l’unicité et de la corrélation qui pouvaient exister entre les différents textes proposés.

 

Chaque auteur peut-il parler des textes choisis et indiquer pourquoi il les a choisi ?

Yehni DjiDji a indiqué qu’en 2010 elle souhaitait écrire un recueil de nouvelles. C’est donc un projet qui trotte dans un petit coin de sa tête. Elle a donc pu écrire certaines nouvelles par avance. C’est le cas pour ‘L’injure’. Quant à ‘Pour nos petites enfants’, cette nouvelle a été écrite pour une participation à un concours.

 

Essie Kelly a précisé qu’elle préparais un recueil de nouvelles intitulé ‘Latitudes féminines’ qui est actuellement accessible en vente en ligne en cliquant ICI et qui est récemment sortie en France.
Ce recueil parle bien sûre de femmes car l’auteur travaille sur la femme et la condition de la femme dans la société et précisément dans Poings d’Interrogation elle a proposé des textes qui parle de la femme et sa condition en Côte d’Ivoire. Les deux textes proposés traitent en effet de deux choses : (i) la violence conjugales et de la position des hommes face à cette lutte et (ii) de l’infidélité féminine et de ses conséquences.
D’ailleurs à la question sur le choix de la thématique des femmes, elle a indiqué que « Tout travail est introspectif, je suis à une étape de ma vie où je veux parler des femmes qui m’entourent, sur ce qu’elles ont pu vivre et ce que j’ai vécu personnellement ». De plus, il lui tient à cœur de modifier le positionnement et la définition de la femme dans la littérature africaine et plus précisément ivoiriennes qui dans de nombreux ouvrages est décrite comme soumise. Etant une femme du 21ème siècle, elle souhaite que la résilience, la volonté et la force soient les valeurs que l’on attribue à la femme pour l’ensemble de ses accomplissements au quotidien.

 

Malicka Ouattara a rapporté qu’elle a voulu réécrire un texte qu’elle avait produit dans ses années lycée. Il s’agit de ‘Confession’ qui traite de l’inceste et des souffrances que les femmes ne dévoilent pas forcément au grand jour.
Elle a par ailleurs écrit, ‘Retour aux enfers’ qui est une nouvelle qui invite les individus à se rapprocher de leur culture, de leurs racines et traditions afin de pouvoir mieux appréhender les défis de la vie moderne. Elle a également précisé que ces deux nouvelles sont de pures fictions sorties tout droit de son imaginaire.

 

Cédric Marshall Kissy, a expliqué que sa première nouvelle ‘Vie sur fil’ nous rappelle que la vie ne tient qu’à un fil en posant la question de la délicatesse de la vie. Cette histoire s’est déroulée sur la base d’une histoire vraie qui est celle d’une femme qui travaille au CHU et qui perdra la vie en donnant la vie. Il a ajouté que les faits de Grève ici présentés sont à prendre en compte car même lorsque tous les médecins sont de permanence, il y a un «carnage». De nombreuses vies humaines sont gâchées.
La seconde nouvelle traite de l’exil volontaire des africains qui sont en recherche d’un bien-être qu’ils pensent trouver en Europe. L’auteur a indiqué que cette lettre a été publiée sur le site 225nouvelles.com et a obtenu une réponse d’un internaute. Ce dernier a également fait une lettre. Nous espérons pouvoir la lire un jour. Qui sait ? Peut-être à la soirée dédicace…

 

Enfin, Yahn Aka a pris la parole pour nous informer que sa première nouvelle sur le complexe du paon est une réponse au Ministre Gnamien Konan qui avait indiqué que les hommes de lettres ne pouvaient rien apporter au développement. Homme de lettres, convaincus que le savoir passe notamment par la littérature et la lecture, Yahn Aka a souhaité immortalisé ce moment qu’il qualifie d’historique en y apportant une réponse. C’est une initiative courageuse !
Pour le deuxième texte, il nous a raconté qu’il lui est venu après une rencontre avec Gauz auteur du célébre «Debout Payé» relatant la vie de ces hommes africains qui sont des vigiles de circonstance en France. Son échange avec Gauz a littéralement «fouetté» son orgueil car il a été franc. Il en a retenu les critiques constructives qui lui ont permis d’écrire ‘le dernier souffle des étouffées’ qui traduit le quotidien des ivoiriens à travers le regard d’un apprenti Gbaka. Il rappelle que ce que nous vivons au quotidien est dépeint comme une satire sur la relation entre les pauvres et les riches et les dirigeants et les dirigés.

 

Pourquoi le titre ?

Le titre, Poings d’interrogation, a été choisi pour sa capacité de pouvoir susciter un intérêt au regard du lecteur. Il se décrit ainsi :

  • Poings = Points avec la Ponctuation et le poing du coup de poing pour montrer que l’on porte des coups violents sur notre société ;
  • Interrogation = car l’on suscite de nombreuses questions sur la vie, on invite le lecteur à s’interroger sur sa vie.

Le choix du titre a été le fruit d’une réflexion d’équipe.

 

  • Partie 2 : Echanges sur le marché du Livre en Côte d’Ivoire

J’ai rencontré les chroniqueurs qui ne sont jamais satisfaits de leur écrit. Comment on devient satisfait de son écrit ?
Les auteurs ont indiqué que si l’on n’est pas satisfait de ce que l’on écrit, ce n’est pas la peine de le donner au public car le plus important dans le travail d’écriture c’est de rester fidèle à soi et dire ce que l’on souhaite dire.
Il a également été fait part, à l’audience, que la littérature n’est pas quelque chose d’aisé. En effet, rien ne sert de faire la course à la publication, l’essentiel est de savoir ce que l’on veut et de prendre son temps pour le faire. Et je pense que cela est valable dans toute entreprise.

 

Le facteur temps : les écrivains écrivent à titre accessoire. Quelle est votre organisation pour écrire ?
«L’écriture, c’est quelque chose qui nous tient à cœur. On a toujours du temps. C’est la question de la qualité. L’effort que l’on veut mettre dans ce que l’on produit.» a indiqué Yehni Djidji pour rappeler que si l’on n’est pas passionné, cela ne sert à rien d’écrire. Propos auquel tous les autres auteurs ont adhérés.

Les autres conseils prodigués sont les suivants :

  • déceler l’idée originale qui sera la bonne et qui inspirera l’auteur dans son travail de rédaction ;
  • s’imposer une rigueur dans l’écriture ;
  • et lire beaucoup !

 

Dans le contexte actuel où les auteurs ont du mal à vendre leur livre, comment vous vulgariser les votres?
Yahn Aka a formulé le souhait que les auteurs se mobilisent pour ventre leur ouvrage car lorsque l’on est plus nombreux on est plus forts.
Il a été indiqué également que les Librairies en Côte d’Ivoire ont perdues leur vocation. En effet, la plupart des gens qui s’y rendent vont pour acheter des fournitures ou pour acheter un livre très précis. Ainsi, des événements comme Livresque, le SILA… peuvent permettre de mettre en valeur des ouvrages et des auteurs en leur donnant un public et une visibilité.

 

Les africains ne lisent pas ? Que faire ? Le numérique peut-il y remédier ?
A cette question, il a été juste de répondre que ce ne sont pas que les africains qui ne lisent pas. C’est la jeunesse en général qui ne lis plus. Cependant, il faut faire le constat que cette même jeunesse lis beaucoup notamment sur internet. C’est peut être sa façon de lire qui a changé. Pour ma part, je pense que le mode de lecture et d’apprentissage a évolué. Les jeunes veulent l’information brute, claire et concise en peu de temps. On veut aller à l’essentiel. Mais est ce que pour autant, l’écrivain doit s’adapter à ce mode de lecture ? Je ne pense pas en tout cas je ne le souhaite pas car pour moi lire doit rester un plaisir, un voyage. On apprécie pas la revue d’un article de la même manière que la lecture d’un livre.
En ce qui concerne le numérique, les auteurs ont fait état de la nécessité d’évoluer vers ce domaine en vue de vulgariser la lecture. Cependant, les travaux à ce sujet vont lentement mais surement à cause du phénomène de «Piraterie».

 

Après ces échanges très riches, j’ai malheureusement du m’éclipser après l’intermède musical pour un rendez-vous personnel. Je n’ai donc pas pu assister au Block Blind Date.
Je me prépare donc pour la prochaine rencontre “Livresque” car j’ai vraiment apprécié cette activité. Elle est différente et riche en contenu. Pour les passionnés de lecture, c’est un rendez-vous à programmer dans vos agendas car “Livresque” a vraiment les moyens de repositionner la Lecture dans le coeur des ivoiriens. 

INFORMATION A NOTER DANS VOTRE AGENDA

La Soirée de Dédicace officiel du recueil Poings d'Interrogation se tiendra le dimanche 28 août 2016 à 17h au Village Kiyi,sous le parrainage artistique de Wèrè Wèrè Linking. 
Venez découvrir l'ouvrage et les auteurs lors d'une soirée où danse et littérature s'entremêlent, grâce à une prestation chorégraphique et du slam. 
À l'issue un cocktail vous sera offert. 
L'entrée est libre. 

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