Au Ghana, l’ethnie des Ga est particulièrement connue pour ses rites mortuaires et surtout pour sa tradition récente de construire un cercueil « sur mesure » pour le défunt. Intriguée par cette pratique et surtout par l’inventivité des artisans, j’ai décidé de me rendre dans le quartier de Teshie pour rencontrer des artisans et obtenir une réponse à ma question : Pourquoi un cercueil personnalisé ?
Un rite funéraire de l’ethnie Ga
Les cercueils de la société Ga représentent le métier du défunt, ses intérêts, son statut social, son rêve, son idéal ou ce qu’il représentait pour ses proches. Il est une façon de consacrer la vie du défunt. De nombreux menuisiers de Teshie, banlieue d’Accra, se sont donc spécialisés dans cet art funéraire car il s’agit bien d’art tant l’attention est portée sur les détails et sur l’importance de la religion dans la vie des Ghanéen. En effet, les funérailles sont en quelques sortes le dernier acte social du défunt et ils se doivent d’être majestueuses car il s’agit d’accompagner le nouvel entrant dans l’au-delà.
Pour mieux comprendre, je me suis penchée sur les rituels d’enterrement de l’ethnie Ga en vue de comprendre leur conception de l’au-delà. Pour résumer, selon leurs croyances, la vie se poursuit après la mort comme sur la terre et le défunt, qui accède au rang d’ancêtre, doit pouvoir conserver aussi bien son statut social que son métier. La mort est considérée comme une continuité, et non comme une fin en soi, puisque les Ga croient en la réincarnation. Les funérailles sont donc une étape importante dans la vie d’un Ga. Ainsi, un planteur de maïs partira dans un épi de maïs, un militaire de l’armée de l’air dans un avion, un pêcheur dans un poisson ou un crabe et un pasteur en Bible.
Dans la pratique…
Aujourd’hui, outre les demandes locales, les menuisiers reçoivent des commandes d’Europe pour la création de cercueils décoratifs pour les musées. Et il est important de noter que les cercueils sont exclusivement sa commande à l’avance car les prix sont élevés et qu’il faut un minimum de deux (2) semaines pour réaliser un cercueil d’adulte.
Les cercueils sont construits avec du bois local, le wawa lorsqu’il s’agit de commande locale. Lorsqu’il s’agit des cercueils pour les musées par exemple, c’est un bois plus précieux qui est utilisé. Ils sont confectionnés uniquement à la main. Aucune machine électrique n’entre dans le processus de fabrication. Il s’agit d’un savoir-faire transmis de génération en génération.
Pour en savoir un peu plus sur cette pratique, je vous invite à consulter la page wikipédia sur le sujet qui fait un rappel historique et présente les grandes figures ghanéennes de cet artisanat devenu une marque de fabrique ghanéenne.
J’aime trop ces cercueils uniques du Ghana. Le fait qu’ils personnalisent chaque cercueil pour chaque défunt est incroyable. C’est intéressant que les Ga croient que la mort est comme une continuité et non comme un fin en soi. Je pense que c’est pour ça qu’ils fabriquent des cercueils très détaillés. Merci d’avoir partagé ces infos !
Bonjour Abélia,
Je vous remercie de votre commentaire et vous confirme que c’est bien le côté unique de cet artisanat que j’ai trouvé intéressant et effectivement, vous avez raison, ce sont les croyances des Ga qui les poussent à réaliser ces cercueils en signe de continuité de la vie. Je trouve que c’est une belle manière de sublimer la douleur que l’on éprouve de perdre un être cher! Je vous souhaite une bonne journée! Isabelle.