L’exposition Joker de Kadarik se tient du 7 septembre au 7 octobre 2017 à la LouiSimoneGuirandou Gallery. Retour sur cette exposition.

Joker de Kadarik
Kadarik nous invite à travers son exposition Joker dans l’univers des Comics et du Pop Art. Un univers qui a tout son sens lorsque l’on voit la portée des messages présentée dans l’exposition. En effet, pour votre information, les Comics ont été créer dans les années 70 pour dénoncer de nombreux problèmes sociaux comme la ségrégation raciale, le klux klux klan… des héros tels que Hulk sont nés après Hiroshima et Nagasaki comme pour exprimer une renaissance, Wonderwoman pour défendre la cause des femmes ou encore Avengers pour illustrer l’unité des peuples quelque soit leur couleur de peau, leur race, leur culture…
L’exposition JOKER vous présente ainsi une analyse sur la société moderne dans laquelle nous vivons. Une société régit par la domination des superpuissances que sont les puissances économique (dollar), militaire, des médias, des femmes, du terrorisme et de la violence. Au milieu de tout cela, les êtres innocents qui n’en peuvent plus de vivre sous l’oppression de ces superpuissances.
C’est donc à travers une série de 23 toiles que nous entrons dans cette univers, cette matrice que nous devons décrypter…
Pour que l’exposition ait tout son sens je vous conseille de commencer la lecture par la toile Together sur l’omniprésence des superpuissances. Les messages fusent dans tous les sens. On fait référence à cette société où l’argent est le nerf de la guerre. Cet argent donne le pouvoir aux super méchants, les plus méchants des super héros, très bien illustrés dans la toile intitulée Sale Journée. On y voit revivre les films de Larry Cohen et Georges Lucas : Les Envahisseurs, La Guerre des Etoiles, OVNI… des films à succès des années 60/70 qui résonnent avec l’élection du Président Trump à la tête des USA.
Notre regard est également captivé par une toile, violente en référence aux Attentats. Il s’agit de Ténèbres. C’est la ville de Londres qui est prise d’assaut par les terroristes qui y sèment la terreur sous le silence des USA et de la puissance pontife qui laissent les fidèles subir une croisade des temps modernes. Une date nous frappe : 1979.
1979 est une année marquée par des événements majeurs.
Sur le plan religieux, c’est la première fois qu’un Pape est reçu à la Maison Blanche (Jean Paull II) et c’est l’année du décès de Mère Térésa reçoit le prix Nobel de la paix. C’est aussi une année très marquante pour l’Iran (chute du Shah d’Iran, Création de la République Islamique d’Iran, imposition du port du voile (Tchador) aux femmes).
Cette même année on assiste à la chute du régime de Pol Pot au Cambodge, la pendaison de l’ancien président du Pakistan Zulfikar Ali Bhutto, la fin du régime d’Amine Dada en Ouganda, la révélation de l’affaire des diamants de Bokassa par le Canard Enchaîné. Un attentat à Paris, rue de Médicis qui fit 33 blessés eu lieu, Mme Thatcher est la première femme à devenir Premier Ministre en Grande-Bretagne tandis que s’est tenu le premier vol du lanceur européen Ariane 1 en même temps que l’envahissement de l’Afghanistan par les troupes soviétiques…. Un tableau noir, un tableau de violence, un tableau sanguinaire qui a été quelque peu retranscrit dans l’œuvre pour nous rappeler que nous ne sommes pas si évolués que nous voulons le faire paraître.
La femme a été mise à l’honneur dans cette exposition puisque 4 toiles sont consacrées à la Wonder Woman. On y voit à chaque fois des icônes.
L’une est la Pin-Up de Pespi Cola dans les années vintage. La femme de tous les fantasmes et de tous les désirs. La seconde toile Wanted met en avant toutes ces beautés des temps modernes. Ces femmes objets icônes de la féminité avec notamment Maryline Monroe. La troisième toile nous montre la femme hybride aux multiples facettes, multiples origines, multiples sentiments, multiples formes… Enfin, Sin City nous invite à entrer dans le cerveau de l’actrice principale de la série Ava Lord. Cette femme déchantée et attachante. Les femmes sont ici magnifiées pour la puissance qu’elles représentent dans nos sociétés par le simple fait d’être des femmes.
La puissance militaire nous est présentée à travers Jammin’ qui nous conduit tout droit dans l’actualité récente de la Côte d’Ivoire. On y voit un Bob Marley en référence à son tube Jammin’ qui signifie brouillard. Un brouillard, une confusion tout comme les dernières actions militaires qui se sont tenues en début d’année en Côte d’Ivoire.
On comprend que le peuple mondial est pris en otage par les superpuissances économiques, militaires, terroristes… et qu’il est nécessaire de se défaire de ces superpuissances.
Les toiles Africa et Matrix nous invite dans un univers de construction ou reconstruction de notre identité? Le monde moderne nous corromps dans notre essence et nous avons besoin de nous reconstruire un univers plus protecteur.
Enfin admirez Joker. Joker avec son appareil photo qui représente la puissance médiatique à savoir la télévision, la radio, la presse, les réseaux sociaux… tous ces outils qui doivent nous connecter mais qui nous déconnectent et qui changent notre rapport au monde. On voit sur cette toile, le monde de la bande dessinée qui fait référence à notre enfance, à l’innocence de la vie se faire rayer du tableau par les matrices omniprésentes des médias…
Mais quand allons nous nous réveiller ? Quand allons nous à l’image de ce boxeur illustré dans la toile Time Is Up, reprendre nos vies en main?
A propos de Kadarik
Sa biographie
KADARIK (Caddaric) est né en 1972 en France. A l’age de 27 ans, en raison d’un arrêt maladie qui l’a obligé à rester enfermer chez lui pendant quelques mois, l’envie de créer est naturellement apparue comme un besoin d’évasion !
Ses premières créations connaissent un petit succès auprès de son entourage et il se fait très vite remarqué par son ami et mentor, le peintre Kamel Hattab, qui en 2001, lui permettra de faire sa première exposition à la citée des images à Epinal en France.
Puis, pour des raisons professionnelles, pendant neuf longues années,
il voyage à travers le monde (Europe, Afrique, Moyen-orient, Amérique du sud…) et ne crée plus.
En 2007, il pose finalement ses valises à Abidjan.
Il rencontre l’amour en 2009 et l’inspiration revient. Il crée alors « Insomnie » avec la technique du collage. Il se remet ainsi à la création et expose pour la première fois à Abidjan en 2013.
Cette première exposition intitulée « KADARIK FACTORY » connaitra un réel succès. S’en suivront des expositions en 2014, 2015 et 2016.
KADARIK puise son inspiration dans l’actualité, son entourage, ses expériences de vie, ses nombreux voyages et principalement dans tout ce qu’il peut lire. Ses œuvres sont l’expression de ses sentiments face au monde qui l’entoure et aux évènements graves dont il est témoin. Il fait partie de cette génération punk des années 80 qui ont influencé l’art, la musique, la mode, la danse… . Cette idéologie de la culture underground a finalement eu un fort impact sur sa vision du monde et on fait de lui un artiste d’art contemporain à part entière.
Au niveau de la technique
La touche Pop Art dans les créations de KADARIK sont une caractéristique de son art. Il puisse son inspiration sur des thèmes et des techniques tirés de la culture de masse populaire, tels que, les bandes dessinées, la politique et les objets culturels.
Au niveau de sa œuvres techniques, il utilise trois techniques :
- La technique du montage d’images multimédia retravaillées et/ou modifiées puis imprimées en haute définition sur une toile spéciale.
- Le collage d’images avec création d’une scénographie.
- L’utilisation de la matière plastique travaillée au chalumeau et avec de la peinture acrylique.
Il a par ailleurs pour cette exposition utilisé en moyenne 100 posters au moins et au moins 10 à 15 livres dans lesquels ils tirent des images ça-et-là. Une autre chose vous touchera particulièrement c’est la précision du travail que l’on peut notamment admirer sur les toiles Matrix et Africa.
Principales sources : Maostudioblog.com