“In Her Room” est l’exposition de Dalila Dalléas Bouzar qui se tient jusqu’au 18 février 2017 à la Galerie Cécile Fahkoury. Retour sur cette exposition qui ne vous laissera pas indifférent.

In Her Room jusqu’au 18 février à la Galerie Cécile Fakhoury
La galerie Cécile Fakhoury présente pour la première fois, depuis le 9 décembre 2016, à Abidjan une exposition consacrée à l’artiste algérienne Dalila Dalléas Bouzar.
Dans la salle sont réunis ses différentes séries de peintures et de dessins tenant compte de son lien avec la mémoire personnelle et collective à travers le portrait, l’architecture et la cartographie. Cette exposition se tiendra jusqu’au 18 février 2017.
L’exposition In Her Room s’est déroulée en deux (2) temps forts
Performance “Inner Past”
Le samedi 3 décembre 2017 s’est tenue la Performance ”Inner Past” dans le jardin de la Galerie Cécile Fahkoury. Cette performance orientée autour de la mémoire plus personnelle que collective consistait à brûler différents carnets qui ont appartenus à l’artiste Dalila Dalléas Bouzar. Ces différents carnets déposés dans une maison font référence pour moi à toute la mémoire liée à la maison, le lieu d’habitation, le lieu où l’on a grandit et où l’on a construit tous ses repères et ses premiers souvenirs. C’est comme ci nous faisons une rupture assumée de notre passé en le laissant s’envoler afin qu’il nous permette d’aller de l’avant.
Cette performance était accompagnée musicalement par l’artiste togolais Elom 20ce, venu spécialement pour le vernissage de l’exposition.
Exposition “In Her Room”
Les œuvres d’art de Dalila Dalléas Bouzar créer un nouveau positionnement de la mémoire en l’exprimant avec vitalité puisqu’elle utilise des documents, des images réalistes et des archives de photos qu’elle interprète dans ses peintures en tâchant de transmettre la force de leur expression.
En effet, la série princesses s’inspire des photographies prises par Marc Garanger lors de la guerre d’Algérie dans des camps d’internement. Il s’agissait de réaliser des cartes d’identité permettant à l’armée française de contrôler les déplacements des populations. Les femmes ont été obligées de baisser leurs voiles pour être prises en photo. Elles ont du se “dévoiler” au sens propre et figurer du terme. Dalila Dalléas Bouzar capture ce témoignage de la Guerre d’Indépendance comme pour s’identifier à ces femmes de son pays. Au-delà de leur beauté, j’ai extrêmement été frappée par la dignité de ces femmes. Positionnées comme des victimes, elles affichent une fierté sans limite les relevant ainsi au rang d’icônes intemporelles ayant marquées l’histoire collective de leur communauté, de leur pays.
Taboo est une série dans laquelle l’artiste satisfait son obsession de rose: peau rose et chair rose. La peau, étant considérée comme un signe de résistance ici, traduit l’idée de l’adoration de soi. On est ainsi plongé dans l’univers de l’individualisme. On voit par ailleurs, apparaître des fragments de corps reliés à des traits transparents voir translucides. Cela nous donne l’impression de tenter de recoller des traces de son existence avec elle avec des parties dévoilées et d’autres invisibles que nous devons accepter telles qu’elles sont. Dans la série Soléman, Dalila Dalléas Bouzar explore la parure, l’art de se vêtir dans des tenues et de les transformer.
On comprend donc que la question de l’identité personnelle et collective est fortement manifestée dans cette exposition. On aborde également l’histoire de la violence collective que l’on doit digérer et que l’on partage en héritage avec la nécessité de se réapproprier l’histoire car nous pouvons la réinventer comme l’on veut.
Topographie des Terrors est une série de dessins inspirés par le musée de Berlin qui relate la montée du nazisme. Ici, l’artiste questionne le concept de lieu ou d’espace comme outil potentiel de la terreur. On est donc dans une évolution permanente dans un environnement où les limites, frontières entre le confort et l’inconfort, l’obscurité et la passion, le calme et l’horreur sont extrêmement floues permettant ainsi le vacillement vers la violence, la terreur.
Dans l’exposition dans sa chambre Dalila Dalléas Bouzar nous présente la performance Inner Past à travers une installation vidéo. Nous vivons la révolution interne de l’artiste. Elle part de son dessin et lui donne vie en trois dimension physique. Cette structure nous rappelle la maison, l’environnement familial, le lieu de création de nos repères, le lieu de refuge de nos souvenirs. Avec cette installation, nous comprenons le sens de la performance Inner Past comme la manifestation de la disparition des traces du passé à travers l’action de l’artiste que l’on positionne à la fois comme une victime et une coupable de la perte de la mémoire.
Les différents travaux proposés par Dalila Dalléas Bouzar vous offrent la possibilité de vous reconnecter avec votre moi personnel et collectif. Il s’agit effectivement d’exploiter l’art comme créateur de ponts entre l’individu et son moi personnel et entre l’individu et son environnement (les hommes et le choses).
Cette exposition a été ouverte le 9 décembre 2017 lors d’un vernissage qui a permis une performance de l’artiste Elom 20ce en présence de musiciens armés d’instruments de musique réalisés avec des objets recyclés. Cette performance a été à nouveau l’occasion de renforcer cette notion qui est en permanence ancrée dans l’œuvre de Dalila Dalléas Bouzar et qui est la suivante : L’art crée des ponts entre les hommes.
Maintenant que vous en savez un peu plus, n’hésitez pas à vous rendre à la Galerie Cécile Fahkoury pour apprécier cette exposition qui se déroulera jusqu’au 18 février 2017.
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