Valérie Oka, artiste et designer pluridisciplinaire, est décédée, ce dimanche 9 avril 2023 à Assinie, à l’âge de 56 ans. Artiste, Designer, Spécialiste de la programmation neuro-linguistique (PNL) et de l’art thérapie, activiste engagée pour l’égalité des genres, experte en culture pour le développement… ses casquettes étaient multiples. Son décès est une grande perte pour les industries culturelles et créatives et pour la scène artistique de Côte d’Ivoire.

Valérie Oka, Portrait d’une femme aux multiples casquettes
Un parcours international
Née en 1967 à Abidjan, d’une mère française et d’un père ivoirien, Valérie Oka a été diplômée de l’École supérieure d’arts graphiques et d’architecture d’intérieur (ESAG) de Paris en 1990. Passionnée d’art, elle a travaillé comme peintre, sculpteur, photographe et designer. Sa première exposition vérifiée a été la 4ème Biennale de l’Art Africain Contemporain à Dak’Art Biennale de l’art africain contemporain à Dakar en 2000. Elle fut la première d’une longue série. En 2010, elle expose au Black World Festival à Dakar (Sénégal), en 2011 à la Nirox Foundation à Johannesburg (Afrique du Sud), en 2012 au CCA (Centre d’Art Contemporain) à Lagos (Nigeria), en 2014 au Festival du Fleuve Niger à Ségou (Mali) et à la dernière édition de DAK’ART – OFF, la Biennale Internationale d’Art Contemporain de Dakar (Sénégal). En 2019, elle est exposée au Segou Art (Mali) et participe à la Biennale des Arts de Venise, au sein du pavillon de la Côte d’Ivoire. Elle a obtenu le Prix d’Excellence Culture du gouvernement ivoirien. Ses œuvres sont présentes dans les collections privées et institutionnelles (Fondation Nirox, Fondation Blachère, Fondation Frances, Moleskine, WIEL, …). Au niveau du design elle remporte en 2000 le prestigieux Prix de l’Union Européenne du Salon du Design africain de la biennale de l’art africain contemporain de Dakar (Dak’art). Avant elle, les designers ivoiriens, Vincent Niamien et Issa Diabaté l’ont remporté respectivement en 1996 et 1998. Elle était également Conseillere Spéciale du Premier Ministre sur les Industries Culturelles et Créatives et œuvraient ainsi à la mise en œuvre de la transformation structurelle du secteur.
Un art engagé
L’expression artistique de Valérie Oka était riche et pluridisciplinaire. Elle avait cependant ce trait unique de placer l’individu au centre de toutes ses réflexions. Elle se distinguait par ses coups d’éclat. Tantôt provocateur, tantôt subliminal…. son art invitait à l’interrogation, l’introspection et à la prise de conscience individuelle et collective. En effet, en plus d’explorer des médiums artistiques différents, elle mêlait des techniques psychologique moderne telle que l’art thérapie. Ainsi, de la photographie au dessins, en passant par la sculpture, la performance ou le dessin numérique, nous évoluons dans un univers de l’inconscient, du subconscient et du conscient où les rudiments de la Programmation neuro-linguistique nous amènent à un recalibrage intellectuel de notre pensée. Profondément ancrée dans le tradimodernisme, Valérie Oka créait des ponts astucieux entre la tradition et la modernité. Elle menait une réflexion sur nos identités noires entre tradition et modernité ou encore sur la place de la femme noire dans ce monde en constante évolution. Très avant-gardiste, chacune de ses expositions était le moyen de nous faire voyager dans son univers. D’ailleurs, elle fut l’une des premières à valoriser l’art numérique en Côte d’Ivoire à travers l’exposition “La carte n’est pas le territoire”. Plus qu’une exposition, ce fut une expérience audacieuse de réalité augmentée.
Une femme active auprès des organisations de la société civile
Valérie Oka était active dans de nombreuses associations de la société civile qui accompagnent les femmes vers l’émancipation. En effet, profondément engagée pour l’égalité des genres, elle n’hésitait pas à accompagner, conseiller et soutenir les associations. Elle agissait dans la lutte contre les violences basées sur le genre et encourageait des initiatives comme Stop au Chat Noir. Cette association a par ailleurs proposé une représentation adaptée du Monologue du Vagin, comme une façon de déployer l’Art Thérapie. Elle pratiquait régulièrement des ateliers en ce sens pour accompagner des filles, des jeunes filles et des femmes à reprendre confiance en elle, en la vie.
L’héritage de Valérie Oka et son impact sur le développement de l’art ivoirien
Le travail de Valérie Oka a été exposé dans des galeries du monde entier. Il a également été présenté dans plusieurs livres sur l’histoire de l’art africain et figure dans des collections privées de fondations et musées. Son engagement pour la valorisation des expressions artistiques était sans limite. Elle était régulièrement sollicitée pour être membre du jury de projets de valorisation des acteurs des Industries Culturelles et Créatives. De l’accompagnement de jeunes initiatives à ses propres créations artistiques en passant par son expertise en développement, Valérie Oka laissera une trace indélébile dans l’histoire des arts contemporains, dans la valorisation du patrimoine et dans le développement des ICC en Côte d’Ivoire.
Véritable cadeau du ciel, véritable rayon de soleil, ceux qui ont eu à connaître Valerie Oka seront unanimes. Ce fut une belle personne qui manquera à l’écosystème des arts contemporains et de la culture ivoirienne.