CinéDoc #10 – Le Cauchemar de Darwin

Ce mercredi 5 octobre 2016 au Village Kiyi, CinéDoc Abidjan nous a convié à sa première projection de la rentrée 2016 avec le film documentaire de Hubert Sauper intitulé “Le Cauchemar de Darwin”.  Retour sur cette projection. 

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source : CinéDoc Abidjan

CinéDoc Abidjan #10 

Le CinéDoc Abidjan est un ciné-club dédié au Cinéma documentaire qui a pour objectif de permettre à des passionnés de se retrouver autour de films documentaires de création, réalisés par des africains où s’intéressant à l’Afrique. Pour en savoir un peu plus sur le CinéDoc Abidjan, cliquez ICI.

Pour la reprise des activités avec la rentrée 2016, la première projection s’est tenue ce mercredi 5 octobre 2016 au Village Kiyi. Il s’agissait d’un film de Hubert Sauper : Le Cauchemar de Darwin.

Après l’introduction de Were Were Liking rappelant que le Village Kiyi est un temple de l’art et qu’il est ouvert à tous, le Professeur Diabaté réalisateur de documentaire et universitaire nous a expliqué le choix du film comme étant celui de porter les débats sur les choix que nous opérons pour le développement au niveau mondial notamment, et au niveau du développement de l’Afrique. Enfin, le Professeur Akindes s’est exprimé sur la nécessité de faire des films qui correspondent aux réalités africaines du fait qu’ils peuvent être transposés dans différents pays d’Afrique.

A la suite de ces mots d’introduction, les organisateurs du CinéDoc ont remercié l’ensemble des personnes qui ont été impliquées dans l’organisation de ce club depuis son lancement ainsi que les participants venus nombreux.

A l’issue de la projection, un débat s’est tenu. Je n’y ai pas assisté car il se faisait tard mais je sais qu’il a du être très intéressant.

 

Le Cauchemar de Darwin de Hubert Sauper

Film documentaire coproduit par la France, l’Autriche, la Belgique, le Canada, la Finlande et la Suède et réalisé par Hubert Sauper, Le Cauchemar de Darwin est sorti en 2004.

Il rencontra un franc succès dans de nombreux festivals de films en Europe et fut sélectionné pour un Oscar du meilleur documentaire long format. Parfois bouleversant, parfois choquant, ce film réveille en nous de nombreuses émotions à travers une enquête sur les ravages de la mondialisation en Tanzanie, plus précisément autour de l’exploitation sans freins de la perche du Nil, un poisson, pour ne pas dire un poison.

 

Ce que j’ai pu retenir de ce film 

Le Cauchemar de Darwin a soulevé de nombreuses interrogations à mon petit niveau. En effet, le titre m’interpelait beaucoup. Pourquoi Darwin? 

  1. Premièrement, je suppose que vous connaissez tous Charles Darwin? Si ce n’est pas le cas, je vous invite à lire cette petite introduction prise sur wikipédia qui indique que:
    Charles Robert Darwin (né le 12 février 1809 à Shrewsbury dans le Shropshire – mort le 19 avril 1882 à Downedans le Kent) est un naturaliste anglais dont les travaux sur l’évolution des espèces vivantes ont révolutionné la biologie avec son ouvrage De l’origine des espèces paru en 1859. Célèbre au sein de la communauté scientifique de son époque pour son travail sur le terrain et ses recherches en géologie, il a formulé l’hypothèse selon laquelle toutes les espèces vivantes ont évolué au cours du temps à partir d’un seul ou quelques ancêtres communs grâce au processus connu sous le nom de « sélection naturelle ».
    Donc Charles Darwin est un naturaliste anglais qui nous a apporté le processus de “sélection naturelle”.
  2. Deuxièmement, le Lac Victoria est le plus grand lac tropical du monde et est considéré comme le berceau de l’humanité. Donc il y a un lien avec “De l’origine des espèces”.
  3. Et troisièmement, ce film parle du poisson, le perche du Nil, prédateur vorace, qui a été introduit dans le Lac Victoria à titre d’expérience scientifique dans les années 60.
    Le synopsis du film indique : “Depuis, pratiquement toutes les populations de poissons indigènes ont été décimées. De cette catastrophe écologique est née une industrie fructueuse, puisque la chair blanche de l’énorme poisson est exportée avec succès dans tout l’hémisphère nord.
    Pêcheurs, politiciens, pilotes russes, industriels et commissaires européens y sont les acteurs d’un drame qui dépasse les frontières du pays africain. Dans le ciel, en effet, d’immenses avions-cargos de l’ex-URSS forment un ballet incessant au-dessus du lac, ouvrant ainsi la porte à un tout autre commerce vers le sud : celui des armes.”

On comprend donc plus facilement le choix du titre. “Le Cauchemar de Darwin” traduit donc le cauchemar de tout un peuple mis en place par le processus de sélection naturel imposé par l’homme aux poissons du Lac Victoria par l’introduction de la perche du Nil; puis imposé par la perche du Nil aux hommes à travers un processus d’industrialisation forcé et à grande échelle ayant des impacts positifs pour les uns et négatifs pour les autres. 

Les notions abordés dans ce film sont une remise en cause de la mondialisation  à travers cinq (5) aspects :

  1. La chaine logistique de l’offre et la demande (supply chain) : en effet, le film nous montre le processus de production de la perche du Nil depuis ses conditions de pêche jusqu’à son transport vers l’occident en passant par les étapes de transports du lieu de pêche à l’usine, de nettoyage, de découpes, de congélations, d’emballages et de livraisons pour la partie concernant l’occident et les étapes de pêche et ses conditions, de transport et d’exploitations des restes de poissons pour les populations locales. Nous découvrons deux (2) mondes qui cohabitent : celui du capitalisme et celui de la misère et de la paupérisation.
  2. Le trafic d’armes, le snobisme et l’hypocrisie occidentale et africaine: Ce film documentaire nous présente les dessous d’un commerce triangulaire autour du trafic d’armes. Les lobbies sont présentés et s’expriment dans une langue de bois tout comme les bénéficiaires de ce commerce très juteux et les acteurs clés du système. Les choses se font mais personne n’a rien vu. Et tout ceci au détriment des populations locales.
  3. L’exploitation de la misère : Une des parties désolantes de ce film est le résultat produit par la mondialisation au niveau local. En effet, bien que le commerce de la perche du Nil ait apporté des emplois, il a aussi apporté son lot de dangers comme la prostitution des femmes et la prostitution infantile, les abus sexuels, la délinquance, le phénomène des enfants de la rue très souvent abandonnés sinon orphelins de père et de mère, la drogue, le SIDA, la violence, la famine : la misère intellectuelle, morale, physique, matérielle et spirituelle.
  4. La perte d’espoir : dans ce contexte où la misère est tellement forte, les individus en viennent à regretter la guerre. La guerre, celle qui permet en étant soldat d’avoir une situation stable et de nourrir sa famille. La guerre, celle qui est vue comme un espoir d’une renaissance face à la cruauté de la vie. Car la vie est tellement difficile que ces hommes deviennent des loups pour eux mêmes. Chaque homme, chaque femme, chaque enfant, lutte pour sa survie, et ceci avec les risques que cela comportent. Et les plus forts survivent tandis que les plus faibles s’endorment à tout jamais. Nous sommes bien dans le processus de la “sélection naturelle”.
  5. L’esclavage des temps modernes : Ce documentaire m’a fait ressentir le sentiment que le capitalisme à outrance a détruit tout un écosystème et rendu des hommes, ici africains, esclaves des temps modernes, esclaves d’un système qui les rend encore plus dépendants et qui les coupent de tout espoir d’une vie meilleure en les conduisant dans une fatalité qui ne peut avoir comme autre nom que : le “cauchemar”, pour ne pas dire l’enfer.

Je vous invite donc à voir ce film. Il est poignant, fort et bouleversant. Il réveillera en vous de nombreuses émotions comme je l’ai dit précédemment et vous fera réaliser à quel point votre vie est simple, belle et paisible et qu’il est vraiment important d’apprécier ce que l’on a au quotidien. 

Restez donc connecté sur ORIGINVL pour avoir les détails du prochain CinéDoc.

 

2 réflexions sur “CinéDoc #10 – Le Cauchemar de Darwin”

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