Paola Audrey

A seulement 26 ans, Paola Audrey Ndengue est une entrepreneure, consultante et éditorialiste franco- camerounaise extrêmement impliquée dans la promotion et le développement des industries créatives en Afrique . Née à Douala, où elle résida jusqu’à sa douzième année avant de s’installer en région parisienne, elle a un parcours très riche qui lui permet aujourd’hui d’être notamment un acteur clé du milieu musical. Aspect de son expertise que vous pourrez confirmer durant la conférence IMPACT Music Conference qui se tiendra du 19 au 20 avril 2016 à l’Institut Français dans le cadre du FEMUA. Elle animera la table ronde intitulée : “Marché de la Musique en Afrique : Où en sommes nous ? Où allons nous ? Avec un focus sur l’Afrique de l’Ouest”. 12992195_10154773931660031_187750930_n

  1. Paola, que faites vous dans la vie, quel est votre parcours et vos activités actuelles ?

Je suis actuellement Responsable Editoriale et Digitale chez Voodoo Media (entité en charge de la partie édition et affichage de Voodoo) et accessoirement Rédactrice en Chef du Magazine Life. Au niveau de ma formation, j’ai eu un bac littéraire suite à quoi j’ai intégré les classes préparatoires Khâgne Hypokhâgne au lycée Henri IV à Paris où je suivais les cours sans réellement savoir ce que je voulais faire. C’est donc à cette même époque que j’ai co-fondé FASHIZBLACK qui est aujourd’hui un des médias afro- caribéen-français de référence en matière de Mode. J’étais très impliquée dans cette aventure média et de plus en plus désintéressée par le rythme et le système de classe préparatoire, j’ai décidé de me réorienter vers la Fac de la Sorbonne où j’ai eu un diplôme en Lettres Modernes et Sciences du Langage. Par la suite, j’ai passé des concours pour intégrer pour intégrer l’école de publicité Sup de Pub et l’école de commerce ISC Paris. J’ai finalement fait le choix de l’ISC Paris pour un Master en Marketing Stratégique en me disant que j’aurais un profil plus polyvalent. J’ai ainsi fait différents stages dont un dans le luxe à New York chez Stella Mc Cartney. Cela a été une superbe expérience dans un environnement international très exigeant et compétitif. Parallèlement à mon parcours scolaire (prépa et école de commerce), l’aventure FASHIZBLACK continuait. Pour faciliter la compréhension, Fashizblack a été crée 2007 sous le format initial de blog. C’était le seul blog freestyle Afro-Antiallais à l’époque à Paris qui s’intéressait aux populations africaines et antillaises. Le concept a vraiment bien pris car le buzz a été immédiat et nous avons bâti une vraie communauté. Nous avons donc décidé de fermer le blog pour le transformer en site internet qui a été lancé en français et en anglais. Ce fut un super succès puisque le jour du lancement du site web nous avons enregistrés 14000 personnes connectées simultanément. Ensuite pensant trois (3) ans nous avons travaillé sur ce mode avant de prendre la décision de passer du Web au Print. Mais il fallait de l’argent. Nous avons vu les banques et bien sûr la réponse a été négative. Mais à force de chercher, nous avons eu l’idée du Crowfunding. Nous avons réussi en 2 mois à lever 30000 euros. C’était juste avant mon départ aux USA et c’est quelque chose de vraiment impressionnant dans ces débuts du crowfunding car on ne savait pas si ça allait marcher. J’ai donc travaillé pendant mon stage à New York sur le Premier Numéro. Cela a été un succès puisque nous avons réussi à distribuer notre magazine dans une quinzaine de pays. Et pour continuer à faire vivre l’esprit du magazine, nous avons créé le site l’entre-deux qui nous permettait de maintenir notre audience. Malheureusement, nous avons du abandonner la version papier car une jeune entreprise comme la notre, pour être pérenne, devait avoir une trésorerie très solide. Chose très difficile lorsque l’on doit courir après ses clients pour récupérer son argent. Nous avons cherché à faire une levée de fonds auprès du patronat, à travers des concours mais nous avions en face de nous des personnes qui ne comprenaient ou ne voulaient pas comprendre notre concept qui était avant-gardiste car il s’agissait de miser sur l’Afrique. Nous avions des propositions de rachat mais les sommes proposées étaient dérisoires par rapport au travail que nous avions déjà abattus tous seuls.. La décision a donc été prise d’arrêter la version print et de se concentrer sur la version Web. J’ai été déçue de tous ces blocages et je me sentais que ma marge de manœuvre en France devenait de plus en plus étroite. J’avais envie de partir… de rentrer en Afrique. J’avais ciblé le Nigéria mais finalement c’est un concours de circonstance qui m’a amené à Abidjan car je suis arrivée à Abidjan dix (10) jours après avoir passé un entretien pour un poste de Digital Communications Manager au sein du groupe MW-DDB, un métier qui ‘a amené à accompagner quotidiennement divers grands groupes comme MTN Côte d’Ivoire ou le groupe d’assurances GRAS SAVOYE sur des problématiques de communication liées au web. Cette expérience m’a permis de me faire repérer par le Groupe de communication VOODOO que j’ai intégré un an après mon arrivée en Côte d’Ivoire et où j’occupe mes fonctions actuelles.

  1. Pouvez vous nous parler de Pannelle & Co, l’agence dédiée au Lifestyle en Afrique que vous avez fondé ?

Pannelle & Co est une idée qui germait en moi depuis longtemps… mais c’est finalement fin 2013 que j’ai décidé de la créer l’agence car je voulais qu’elle soit basée sur le continent africain. Pannelle & Co c’est une agence créative qui concerne tous les centres d’intérêt liés à la culture urbaine. Son action se déploie à travers une ‘vision marketing’ des choses avec un volet créatif et commercial très développé. L’idée principale est d’accompagner les africains, notamment ceux de la diaspora, à intégrer le marché africain dans les domaines de la musique, de la gastronomie, des arts, de la mode ou encore de la beauté.  C’est dans ce cadre que j’ai facilité l’implantation d’un concept store au Sénégal par exemple. Je suis également très sollicitée par des marques de cosmétiques qui veulent réaliser des campagnes de communication ou des lancements de produits sur les marchés africains notamment au Cameroun et en Côte d’Ivoire.

  1. L’aventure KIFF NO BEAT : Comment a-t-elle commencé ? Quel est son avenir ?

L’aventure avec KIFF NO BEAT… comment dire ? J’ai repéré Kiff No Beat lorsque j’étais encore à Paris. J’ai entendu parler d’eux en faisant des recherches pour les médias sur la Culture Afro. J’ai donc commencé à bien me documenter sur eux, à voir leur envergure musicale et à les suivre pour pouvoir estimer leur potentiel. Parallèlement, je travaillais sur une étude annuelle dédiée à la culture urbaine camerounaise dénommée «Le livre blanc de la musique camerounaise». Je suivais également de nombreux médias, associations, artistes et groupes influents dans la musique urbaine. Et je m’exprimais de façon très franche sur les réseaux comme Twitter lorsque je me retrouvais face à des contradictions. C’est ainsi que j’ai rencontré l’équipe NotJustOk, élu meilleur blog d’entertainment 2013 aux Nigéria Entertainment Awards. Aujourd’hui je leur fournis des contenus sur le volet panafricain qui regroupe des chroniques sur l’Afrique de l’ouest, de l’est et australe. Au même moment, Kiff No Beat sort son clip « Tu es dans pain ». Le beat est d’enfer ! Il cartonne en Côte d’Ivoire. Je le partage dans mon réseau depuis Paris et la mayonnaise monte. Je décide donc de faire un communiqué de presse et un dossier presse sur la base des éléments recueillis depuis le début de mes recherches. Et je le partage à la base de données de Pannelle & Co. et…. on m’appelle de partout pour des propositions. La rencontre devient donc inévitable….Je les ai contacté. Ils m’ont bien sûr regardé en se demandant d’où je sortais. (rires). J’ai expliqué ma démarche de vouloir leur permettre d’élargir leur cible à un niveau international. Nous avons discuté et depuis nous travaillons ensemble. Ils ont cartonné au Cameroun, au Ghana et ils continueront à cartonner !

  1. Votre expertise et votre compréhension de la scène musicale et plus précisément de la scène musicale hip hop africaine explique tout naturellement votre participation à IMPACT Music Conference qui se tiendra du 19 au 20 avril 2016 à l’Institut Français de Côte d’Ivoire en marge du FEMUA. Cependant, nous avons constaté un faible nombre de femmes en qualité d’intervenants (2 sur 11 intervenants) : Qu’est ce que cela fait d’être une femme dans ce milieu assez masculin ? Est-ce que cela est facile ? Comment se positionner ?

Le Hip Hop / Rap sont les sujets musico-digitaux que je maîtrise le mieux. J’en ai une bonne connaissance et j’en suis même passionnée. Je suis donc heureuse d’avoir été choisie comme panéliste pour le IMPACT Music Conference qui est une plateforme de rencontre professionnelle internationale autour des nouvelles réalités de la musique africaine. Concernant, la présence des femmes dans le milieu. C’est vrai ! Il y a moins de femmes car à la base le milieu de la musique notamment urbaine est très masculin aussi bien au niveau professionnel qu’au niveau des artistes. C’est dans le volet gestion de la communication et des relations publiques que l’on pourra voir apparaître des femmes. Mais le constat est là : peu de femmes manager ! Peu de femmes dans la musique urbaine ! Peu de femmes qui ont des labels ! C’est assez limité partout dans le monde dans le milieu de la musique urbaine. L’espace est trop réduit pour les femmes que l’on a souvent tendance à mettre dans des carcans. Je reste tout de même optimiste car le milieu du Show Business continuera à évoluer car il génère beaucoup d’argent. Je pense que des femmes réussiront à s’imposer et à faire émerger leurs propres structures. Lien vers : Paola Audrey – Pannelle & Co – Fashizblack 

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