Omar Victor Diop capture les moments et les instants comme quelques choses de très précieux. Ses photographies et œuvres artistiques transmettent l’essence du moment aux autres. Il a cette capacité de jongler entre l’éclairage naturel, la juste dose d’ombre, le caractère symétrie, asymétrie, souple, difforme, la profondeur… et bien d’autres paramètres qui pour certains lui sont très secrets. Et ce sont tous ces ingrédients maniés à la perfection qui donne ce travail. Il fait partie de cette génération d’artistes modernes qui insuffle un vent de fraicheur sur l’art africain.
Omar Victor Diop, un autre regard sur l’Afrique
Artiste photographe autodidacte
Omar Victor Diop est un photographe sénégalais, autodidacte avec une formation initiale en finance et en gestion de projet. Je l’ai découvert en 2013 lorsqu’une de ses photos a été utilisée pour faire la couverture du Hors Série du Courrier International Afrique 3.0. J’ai adoré le cliché de ce jeune homme moderne serein et sûr de lui. Les recherches ont aboutis à la découverte d’un artiste méticuleux et soucieux du détail. Il a œil attentif pour la mise en scène théâtrale à la limite proche de la photo cinématographique. Je n’ai donc pas été surprise lorsqu’il indiqua que ses premières influences visuelles sont certainement le cinéma, la culture pop africaine et internationale des années 80. Il ajoute la photographie de studio à travers les archives familiales et plus récemment les travaux de photographes et artistes tels que Jean Paul Goude, Richard Avedon, Matisse, Manet etc.. A ce stade, la photographie n’est plus un instant figé, c’est un moment, un rituel.
Un rituel vivant
La tradition des portraits
Lorsque j’ai découvert Omar Victor Diop, il travaillait sur sa série de portrait. Ce sont principalement des jeunes de sa génération avec des personnalités différentes mais une détermination certaine pour le continent africain.
Mais d’un point de vue plus technique, Omar Victor Diop a indiqué : « il s’agit avant tout d’une entreprise de documentation de la scène culturelle à travers sa plus jeune génération et aussi une volonté de perpétrer et moderniser la tradition du portrait de studio que je considère comme un patrimoine visuel dont, malheureusement, beaucoup de jeunes photographes semblent vouloir se détacher ». Nous sommes dans un monde ou le numérique, le virtuel prennent le dessus. Avec nos appareils perfectionnés nous avons l’impression de maitriser l’art de la photographie… mais c’est une erreur. La photographie est banalisée…
Les Studios Vanité
Omar Victor Diop défend cette idée et il la met en scène avec « Les Studios Vanité ». Ici, le terme « Vanité » se réfère à un trait d’esprit. En effet, il veut faire de ce lieu, un endroit « où l’on se rend pour paraître sous son meilleur jour, le temps d’une séance de prises de vues ». C’est aussi un lieu où Omar invite les personnes qui l’inspirent et dont il est fier ! Il s’agit donc comme il explique « de « gentilles » vanités, un jeu de rôles, on ne se prend pas vraiment au sérieux, ce n’est pas un culte de l’égo surdimensionné ». C’est plutôt une façon de se rappeler que la photographie est un rituel. Un rituel que l’on doit savoir apprécier !
Quelques portraits réalisés dans “Les Studios Vanité”



Diaspora
La question de l’apport de l’Africain dans l’histoire du monde
A travers « Diaspora », Omar Victor Diop a décidé d’approfondir ses recherches dans le domaine du portrait. C’est vrai qu’après avoir passé près d’un an à shooter près d’une centaine de portraits d’artistes, il s’est intéressé à l’autoportrait. Il l’a toutefois combiné à un sujet qui lui est cher : « l’apport de l’Africain dans l’histoire » de ce monde. C’est donc tout naturellement, que le projet « Diaspora » est né comme « un témoignage, une contribution à la conversation sur le thème des migrations, de l’intégration et aussi de l’influence des africains sur le reste du monde ».
L’autoportrait pour créer le dialogue entre les peuples
Le choix de l’auto-portrait a donc toute son importance. Il s’agit, en effet, pour l’artiste de « lever le voile sur ces personnages oubliés de l’histoire. Ceux qui ont pourtant eu des destinées remarquables ». Il ajoute : « Je crois beaucoup au dialogue entre les peuples. Et je pense que partager l’histoire de l’être humain et en faire un patrimoine universel est nécessaire. Je pense qu’il y a beaucoup de réponses à des tensions et questions actuelles qui sont dans le passé. »
Quelques photos réalisées dans le cadre du projet Diaspora




Un regard sur l’Afrique culturelle
Une génération d’artistes décomplexés
Omar Victor Diop fait parti pour moi de cette nouvelle génération d’artiste qui montre un autre regard sur l’Afrique. Cette Afrique vivante, innovante, jeune, avant-gardiste, curieuse et qui a tant à transmettre. Ce n’est pas étonnant qu’il indique : « Je pense qu’au delà de ma personne, ce qui fait le succès de la photographie venant du continent est dans la fraîcheur du regard que ma génération porte sur le monde. Après c’est vrai que je passe beaucoup de temps dans la préparation de mes mises en scène. Mais ce qui compte le plus, c’est d’apprécier ces moments, parce que ça se sent dans le travail final. » C’est une génération peu complexée par le passé historique, instruite et ouverte sur le monde extérieure. Elle s’attelle à travers l’art et la culture à générer une prise de conscience pour renforcer l’identité africaine.
Les arts et la culture comme liant, repère identitaire fort
C’est ainsi que Omar Victor Diop a illustré cette prise de conscience : « nos nations ont besoin d’un liant, d’un repère identitaire fort, et c’est là qu’on a besoin des arts et de la culture ». Je suis donc convaincue que Omar Victor Diop a une place privilégié pour exprimer certains messages de la jeunesse africaine. A cette conviction, il a répliqué avec deux phrases fortes et puissantes dans le sens : « Nous sommes tous des portes paroles et nos actions quotidiennes sont autant de messages, parfois subliminaux, que nous passons à nos compatriotes et au reste du monde. C’est vrai que mes travaux me donnent une opportunité de lever le voile sur ma réalité, et par conséquent, je m’attelle à bien le faire, car on sait où naissent les images, mais on ne contrôle pas leur destinée, ni leur impact sur le monde. »
Tout simplement merci Omar !
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