C’est lors de la soirée culturelle Vlisco&Co du 13 octobre 2018 à Abidjan que nous avons découvert Ngadi Smart. C’est une artiste et designer Ouest africaine, spécialisée dans l’illustration et la photographie. A travers son travail, elle explore l’identité féminine notamment à travers la part de masculinité et la sensualité noire du point de vue africains. Découvrez son univers à travers cette courte interview.
Ngadi Smart nous invite à la découverte de l’identité féminine à travers l’art graphique
L’artiste et designer Ouest africaine, spécialisée dans l’illustration et la photographie a vécu et étudié l’art et le design au Royaume-Uni, au Canada (au sein de l’OCADU) et en Côte d’Ivoire. Ngadi Smart a toujours été intéressée par la découverte des cultures et des sous-cultures. Une recherche nourrit notamment par son amour pour l’humanité. C’est-à-dire qu’elle nourrit une curiosité pour les hommes du monde entier et pour ce qu’ils ont à partager.
Cet amour pour le genre humain combiné à un amour pour les arts, la mode, ainsi que son obsession de toujours tout documenter autour d’elle, l’ont poussée à démarrer de nombreux projets. On peut notamment citer “The EyeMuse Project“. Ce projet mondial de photographie et d’illustration vise à saisir les nouvelles tendances dans le domaine de la culture et le mode de vie d’une ville à travers le cadre intime choisi par le sujet.
Par conséquent, son travail a longtemps été centré sur l’expression de l’identité, notamment l’identité de soi à travers la mode. Récemment, c’est à travers la sensualité noire du point de vue des africains que son travail a été orienté. On constate également que son but reste de montrer ce que signifie d’être africain avec autant de représentations puisée dans la compréhension et l’expressivité du peuples africain.
Dans des travaux récents, elle a réalisé une série de photographies pour la prochaine édition ivoirienne de Nice Magazine. Nice Magazine est un magazine collaboratif regroupant de jeunes photographes africains dirigés par la photographe Flurina Rothenberger. Les photographies portent sur les constructions sociales entourant les identités africaines masculines et féminines. Son travail est publié dans MFON: Femmes photographes de la diaspora africaine, une anthologie célébrant le travail de 100 femmes photographes de descendance africaine. Vous pourrez aussi appréciez d’autres réalisations dans le numéro de septembre 2018 du magazine sud africain Livingspace Magazine ainsi que dans le Magazine Gay Times (de octobre 2018).
Rencontre avec Ngadi Smart
Vous travaillez beaucoup sur le corps. Quel est le rapport au corps que vous avez dans votre travail?
Une grande partie de mon travail est centré sur la nécessité de montrer que les hommes et les femmes ne sont pas si différents qu’on le pense. C’est un sujet que la société nous enseigne depuis la naissance. Par exemple, on dit souvent que les hommes sont intrinsèquement comme ceci, et que les femmes sont intrinsèquement le contraire. Je veux montrer, en utilisant le corps physique que nous sommes humains, et nos désirs et émotions sont les mêmes, contrairement à ce que nous pensons habituellement sur les sexes. En effet, Les hommes peuvent exprimer, par exemple, une douceur et une sentimentalité aussi bien que les femmes peuvent exprimer la force et une indépendance qui ne dépendent pas du regard de l’homme. Et je crois, qu’il est important que ce dialogue existe dans la société moderne d’aujourd’hui.
Vous avez un grand intérêt pour la culture traditionnelle. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette démarche?
La culture et sa préservation sont des sujets très importants pour moi. Je crois qu’il est très important que les jeunes créatifs africains, qu’ils vivent sur le continent africain ou qu’ils appartiennent à la diaspora africaine, participent à la représentation de leur continent, de ses cultures riches et variées. Et aussi, qu’ils s’interrogent sur comment tout ces points sont affectés par la modernisation, le présent. Si nous ne le faisons pas, qui va le faire?
Vous exposer l’identité féminine dans tout ce qu’elle peut englober de complexe et de simple dans le monde actuel où la femme lutte entre chosification et émancipation. Que pouvez-vous nous dire de cette démarche ?
Oui. En effet, je viens d’une famille de femmes fortes. Et je crois en la complexité des femmes, aussi bien qu’en celles des hommes. Étant une femme, moi même, mon travail a donc tendance à être centré sur la représentation de femmes fortes, de personnages puissants, sexuellement ambigus, ou de genre ambigüe. Et oui, des thèmes relatifs au féminisme, ainsi que le pouvoir sexuel féminin et masculin et la dynamique qui en découle. Être une femme créative d’origine africaine qui a choisi d’exprimer ses idées et de défier les perceptions de la société sur ce qui est “correcte” a orienté, par la force des choses, mes travaux à être centrés sur les femmes, leurs expériences, leurs forces, leur polyvalence et leur beauté, en particulier les femmes d’ascendance africaine. Poursuivre cette représentation des femmes et de leur polyvalence dans un monde qui ne laisse pas toujours la place à cela visuellement, ressemble parfois à de la folie. Mais il est important d’avoir des images comme cela pour normaliser le fait que les femmes sont des êtres multidimensionnels.
Découvrez les œuvres de Ngadi Smart lors de la soirée culturelle Vlisco&Co qui s’est tenue le 13 octobre 2018 à la Galerie Cécile Fakhoury, en cliquant ICI.