“Le marché des masques africains” est un film documentaire réalisé par Peter Heller et sorti en 2015 a été diffusé ce 14 septembre 2016 à 22h30 sur la chaine franco-allemande Arte. Il est toujours accessible en ligne et mérite le détour puisqu’il nous livre un état des lieux à la fois passionnant, étonnant et choquant par moment.

“La marché des masques africains” de Peter Heller
Film documentaire de 55 minutes réalisé par Peter Heller, produit en Allemagne en 2015, “Le marché des masques africains” est un documentaire qui nous donne un état des lieux sur ce marché en nous montrant ce qu’il a de passionnant mais également de choquant.
Diffusé le mercredi 14 septembre 2016 sur la Chaine ARTE à 22h30, le documentaire est toujours accessible en ligne en cliquant ICI.
Synopsis
En deux siècles de colonisation, l’Afrique a été dépossédée d’une quantité incalculable d’oeuvres d’art et d’artisanat. On retrouve ces trésors entassés par milliers dans les fonds des musées, des expositions privées et des galeries occidentales. Plus d’un demi-siècle après la fin des empires coloniaux, c’est désormais la spéculation qui bat son plein, sur les masques, statuettes et autres objets d’art africains issus de pillages. C’est le cas notamment des trésors de la civilisation Nok (actuel Nigeria, 1 000 av. J.-C-300 ap. J.-C.), achetés par des musées, de Boston à Bruxelles. Aujourd’hui, de plus en plus de pays d’Afrique demandent la restitution de ces objets.
Histoire du pillage
Les témoignages de Romuald Tchibozo, historien de l’art béninois, et d’Aissa Halidou, politologue panafricaniste nigérienne, aident à décrypter les rouages de cet univers en revenant sur l’histoire de ce pillage artistique, notamment au Togo et au Bénin comme expliqué dans le documentaire. On effet, on part sur les traces de l’industrie de la contrefaçon en passant des modestes sculpteurs des villages béninois aux richissimes collectionneurs européens.
Esprit critique
Nous savons que les masques africains ont imprégnés le Paris Bohème il y a cent ans à travers des figures telles que Picasso, Braque ou Breton. Aujourd’hui, l’Art Africain fait tourné les têtes car il se chiffre en millions d’euros dans les galeries. En effet, en novembre 2014, une statue Senoufo issue de la collection Myron Kunin a battu un record lors d’une vente aux enchères chez Sotheby’s à New York : la statue féminine (Debele) provenant de la Côte d’Ivoire ou du Burkina Faso s’est envolée à 12 900 000 dollars. Cette pièce d’art Senoufo est considéré comme un objet trophée rarissime pour son parfait parcours et son histoire mythique.
Nous comprenons donc qu’il est quasi impossible de trouver un marque africain en Afrique de cette teneur. On trouvera des répliques, sinon des faux qui trompent souvent les touristes et parfois les collectionneurs étourdis. Et comme le dit l’historien Romuald Tchibozo: “Tous les masques importants sont partis en Europe” . Même le trône du sultan de Bamoun (du Cameroun) qui a été rapatrié à Berlin (Allemagne). L’actuel sultan doit se contenter d’une copie.
On constate aussi que les habitants du Bénin ou du Nigeria, pour ne citer qu’eux, sont aujourd’hui obligés d’aller au musée du Quai Branly, à Paris, pour découvrir leurs chefs-d’oeuvre.
Cette enquête interroge donc sur l’engouement aux relents « néo-coloniaux » pour l’art dit “primitif” ou “premier” et sur l’intérêt nouveau pour ces statuettes, masques et / ou fétiches vaudous dont l’importance historique, esthétique et culturelle n’a été comprise que très tardivement. Aujourd’hui, cet attrait pour les Arts Traditionnels Africains interroge sur la dangerosité de ce commerce spéculatif qui ferait vivre à peine 1 million de personnes en Afrique.
Nous avons donc un regard actuel sur un marché qui soulève des interrogations sur différents sujets, à savoir :
- La disparition des objets d’art africains en Afrique : les masques, statuettes et/ou fétiches vaudous sont pillés en Afrique alors qu’ils sont le témoignage d’une grande culture;
- La question du vol dans la logique d’appropriation culturelle et de colonialisme
- Le trafic d’objets d’art africains aux frontières du Nigéria vers le Togo pour satisfaire les collectionneurs : Le trafic se situe entre mythisme, tradition vaudou, contrebande, faussaires, grands acheteurs européens, collectionneurs passionnés, collectionneurs opportunistes, pilleurs et maisons de ventes aux enchères. Ce sont les différents acteurs direct ou indirect de ce trafic;

En vue de compléter votre connaissance, nous vous invitons à lire les articles précédents pour avoir un aperçu sur les masques que nous avons déjà présenté sur ORIGINVL ainsi que sur le marché des fétiches du Togo et sur des acteurs de la ré-appropriation culturelle de l’Art africain par les Africains :
- Nimba, masque Baga découvert lors de notre séjour en Guinée Conakry
- Masque Mendé, masque féminin découvert au Bushman Café en Côte d’Ivoire
- Le marché des fétiches dans le regard de James Mollison
- Le projet de restitution du patrimoine culturel angolais par la Fondation Sindika Dokolo
Maintenant que vous en savez un peu plus, n’hésitez pas à approfondir le sujet en visionnant ce documentaire toujours accessible en ligne en cliquant ICI.
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