“Comme unique” de Mounou Désiré : une invitation à repenser les liens qui unissent l’Homme à son environnement

Du 8 septembre au 28 octobre 2022, la Galerie Pièce Unique de la Fondation BJKD recevait “Comme unique” de Mounou Désiré. Une exposition qui résonne comme une invitation à repenser l’impact de l’homme sur son environnement.

“Comme Unique” ou l’unicité de l’Homme face à l’environnement

L’expérience unique de l’Homme face à son environnement

Mounou Désiré, à travers cette nouvelle exposition au pays natal, nous plonge dans une nouvelle dimension de son art. En effet, si le message principal que revêt son travail est celui de l’art-récupération, il y a lieu d’approfondir le sujet. “Comme unique” nous rappelle la relation unique que l’Homme peut accorder à la chose matérielle, particulièrement à son téléphone mobile. Devenu un membre unique de chaque individu en ayant un, le téléphone mobile a envahi la vie quotidienne de milliards d’individus sur la terre. La course vers le progrès et le modernisme couplés à la mondialisation ont apporté leur lot d’innovation et de déchets. Parmi eux, les déchets électroniques qui se retrouvent dans les rues et décharges africaines.

L’artiste a vécu dans un quartier d’Abidjan, où ces déchets sont présents à ciel ouvert. Ainsi, en utilisant les claviers, les circuits électriques, les écrans de ces téléphones usagers, il donne une autre vie à ces déchets tout en contribuant à protéger l’environnement. Mais outre cette démarche environnementale, l’artiste interroge sur notre relation à l’environnement mais aussi sur notre rapport aux choses. En effet, les déchets électroniques issus des téléphones ont eu une première vie : celle de mettre en relation des individus. Ainsi, en les découpant, les assemblant, et les collant, ils continuent à porter les messages de leurs anciens propriétaires.

Entre réflexion sociétale et relation nord-sud

Mounou Désiré nous invite à une lecture de la bouillonnante société ivoirienne. En effet, ses toiles sont vives, colorées et dynamiques. Les claviers, écrans et circuits numériques sont assemblés telles une mosaïque vivante des scènes de vie ivoiriennes. Nous arpentons les quartiers d’Adjamé à Port Bouët en passant par Treichville et Bingerville. Les individus, les véhicules, les paysages et les maisons se bousculent dans un “brouahah” organisé.

Cependant, un message se lit en filigrane. C’est celui de la relation nord-sud puisque la matière première des oeuvres de Mounou Désiré provient principalement des déchets électroniques de l’Occident. Ainsi, il est interessant de se demander comment ce mode de consommation à outrance a un impact sur les identités des individus et des société.

Une recherche identitaire ?

C’est d’ailleurs, ce que l’artiste nous invite à approfondir dans ses nouvelles créations. On y voit notamment apparaître des codes barres, des QR codes et des circuits électroniques. Le mélange entre peinture et matière est plus distinct comme pour mieux mettre en évidence les matériaux avec l’apparition des toiles de jute comme support créatif. Ce qu’il faut savoir c’est que la toile de jute est communément appelée en Côte d’Ivoire “sac de cacao”. Un symbole à plusieurs sens car l’artiste a grandit dans les champs de cacao et que la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial de cacao. Il y a donc lieu de s’interroger sur l’orientation identitaire de ce nouveau projet artistique.

A propos de Mounou Désiré

Né le 28 octobre 1994 à Buyo (Sud-Ouest de la Côte d’Ivoire), Mounou Désiré est diplômé des Beaux-Arts d’Abidjan. Connecté aux scènes artistiques internationales et nationales en France, en Belgique, au Maroc et en Côte d’Ivoire, il compte parmi les figures majeures de la jeune génération de créateurs contemporains africains.

Pour en savoir plus sur sa démarche artistique, découvrez un reportage sur Mounou Désiré réalisé en 2019 par Original Foundation dans la Chronique La Vie Ici de RFI.

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