Dans le cadre du Festival 100 % Afrique de La Villette, le Grand Paris a décidé d’octroyer une fenêtre à cette nouvelle génération de photographes issus du continent africain et de sa diaspora. Elle se manifeste à travers une exposition collective qui investi les jardins du parc de La Villette.
J’ai décidé de vous présenter le travail de trois (3) photographes parmi la quinzaine qui étaient présents.

Un travail sur la mémoire
Réinventer les rites contemporains
Le travail de Aida Muluneh consiste à réinventer des rites contemporains à travers des personnages sortis tout droit de son imagination. La notion de mémoire est omniprésente dans l’ensemble de son oeuvre tout comme la peinture décorative du corps comme sujet de ses oeuvres.
En effet, il n’est pas étonnant de voir des personnages dont le corps est recouvert de peinture. Du blanc brillant au bleu azur en passant par le rouge vibrant, les personnages sont monochromes avec parfois des pointillés noirs ici et là. Ils sont enracinés dans la tradition et les coutumes éthiopiennes qui dans le contexte de la mondialisation sont célébrés comme une forme d’expression contemporaine. En effet, ses modèles comprennent, entre autres, les créateurs de mode et les maquilleurs locaux.
Un rappel à la notion de mémoire
Par ailleurs, certaines de ses photos sont imprimées sur un chiffon d’archives comme pour nous rappeler la notion de mémoire. Et elle insère dans ses compositions des plis de beaux tissus ou de paniers tissés. Elle rappelle ainsi l’artisanat local et fait référence à des codes culturels familiers à un public éthiopien.
Enfin, un autre point m’interpelle. Le regard des modèles. Elle nous invite donc à nous plonger dans le prisme du ‘Regard’ à travers la perception de soi dans le regard des autres et dans son propre regard.
Des interrogations sur la société éthiopienne contemporaine
Son travail le plus récent, le triptyque “Memories in Development” présenté dans le cadre de l’exposition Afriques Capitales est une nouvelle interrogation sur l’évolution de la société éthiopienne. C’est une métaphore d’une Afrique en quête de sa propre histoire. La question de la croissance économique du pays avec les transformations structurelles (infrastructures, transports, ntic, etc.) qui en découlent est mis en parallèle avec l’évolution des mentalités et du climat social. C’est donc un clin d’oeil sur la notion de Pays en développement et sur le développement des mentalités qui induirait une perte d’identité ou une redéfinition de cette dernière dans le prisme du regard des autres. Mais qui sont les autres?

Aida Muluneh
Née en Ethiopie en 1974, Aida Muluneh a quitté très tôt sont pays après le renvoi de l’Empereur Haile Selassie. Elle a passé une enfance itinérante durant laquelle sa mère était à la recherche du meilleur endroit pour lui offrir une bonne éducation. À l’âge de 18 ans, Aida Muluneh s’est retrouvée aux États-Unis pour étudier le cinéma à l’Université Howard. Elle travailla, plus tard, au Washington Post. Elle déménagea à Addis-Abeba, il y a une décennie, répondant au souhait de sa mère, et a dirigé le Biennale de la photographie de Addis Abeba en 2010. Elle est actuellement directrice générale de la Société de développement et d’éducation à travers l’art pour l’Afrique, qui favorise les partenariats culturels.
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Ping : Still I Rise de Aïda Muluneh à Abidjan jusqu'en février 2021 - ORIGINΛL – Arts & Culture