[100% Afrique] L’exposition “Afriques Capitales” qui dévoile une Afrique urbaine, moderne et engagée

Pour la deuxième édition du Festival 100% de La Villette, le focus a été mis sur l’Afrique. Ainsi du 23 mars au 28 mai 2017 vous serez invités à découvrir les danses, le théâtre, des concerts, des films, la mode et une exposition mettant en exergue la création contemporaine africaine intitulée “Afriques Capitales”. Retour sur cette exposition qui dévoile une Afrique urbaine, moderne et engagée. 

Exposition – Afriques Capitales Parc de La Vilette

Afriques Capitale

L’exposition ‘Afriques Capitales’ qui se tient dans le cadre du Festival 100% Afrique de La Villette (Paris-France) se déroulera du 29 mars au 28 mai 2017.  L’ensemble des oeuvres des artistes sélectionnés par Simon Njami, Commissaire de l’exposition, permettent de donner un autre regard sur cette Afrique en constante mutation.

En effet, la mondialisation a touché le monde entier et l’Afrique n’a pas été épargnée. De nombreux changements s’opèrent lentement mais surement tandis qu’en occident, l’Afrique est souvent, à tord ou à raison, vu dans ce prisme “exotisé”, parfois très réducteur et loin des réalités des populations locales. “Afriques Capitales” donne un autre regard sur la ville africaine, lieu d’ébullition, lieu de mutation et lieu d’innovation.

Un peu de sémantique

“Afriques Capitales” : pour parler de quoi ?

  • Afriques : L’Afrique prend un “S” pour nous indiquer que l’Afrique est plurielle. Elle n’est pas un fourre-tout comme l’on a souvent tendance à l’entendre en occident. L’Afrique est bien un continent regroupant 56 nations ayant toute leur particularité, leur différence, leur identité et leur culture propre et partageant aussi une histoire commune avec un voir plusieurs autres pays du continent et du monde.
  • Capitales : L’exposition se concentre sur la Ville et particulièrement la capitale. On a souvent tendance à résumer un pays africain à sa capitale, bien souvent économique, puisque l’argent est le nerf de la guerre. Les exodes ruraux augmentant le nombre d’habitants dans ces capitales en font des lieux de concentrations, d’échanges, de mutations et d’évolution socio-culturel. De plus, la plupart des habitants de la planète habitent maintenant dans des capitales.

Afriques Capitales est donc une exposition qui repense l’évolution de la ville africaine et plus largement de la ville moderne. On ne parle plus de villes mais d’une ville universelle qui est une composition de toutes les villes du monde. Une ville métisse à l’image des citoyens du monde qui sont un subtil mélange de toutes les couleurs du monde. 

Exposition – Afriques Capitales Parc de La Vilette

Une analyse de la ville urbaine, moderne et engagée

L’exposition “Afriques Capitales” peut se résumer ainsi : “La ville de toutes les villes”.

Lorsque je suis entrée dans cette installation. J’ai eu l’impression d’arrivée de nuit dans une nouvelle capitale africaine comme j’ai souvent l’habitude de faire lorsque je découvre une nouvelle capitale. Sac-à-dos bien en place et appareil photo en main, prête pour la découverte.

La découverte de cette cité urbaine traduisant les sentiments, les questionnements et les interrogations de ces artistes contemporains citoyens du monde exprimant la voix des sans voix. En effet, nous sommes interpellés sur :

La mondialisation et le progrès

    • François-Xavier Gbré avec son oeuvre 我是非洲 (Wǒ shì fēizhōu) soit je suis africain, nous interpelle sur la souveraineté d’un pays face à la prédominance de l’autre dans les différentes sphères sociales, culturelles, économiques et même politiques. Nous comprenons que le continent africain subit des changements structurels profonds du fait de la mondialisation. Par ailleurs, cette installation lumineuse, nous rappelle les enseignes lumineuses que l’on voit partout dans les villes chinoises et plus largement en asiatiques.

      Exposition – Afriques Capitales Parc de La Vilette
    • Pume Bylex avec son installation intitulée Pourquoi pas Bylex? Pume nous présente une série d’oeuvres réalisée par l’artiste. Il s’agit de sculpture nous interpellant sur les bienfaits que la nature nous offre tout en tentant d’en comprendre le sens et les caractéristiques. Je fais particulièrement allusion à la fameuse “mouche aux multi-radars” qui nous étale les exploits de la technologie naturelle. en effet, les yeux d’une mouche sont de parfaits radars que l’être humain gagnerait à analyser dans sa quête vers le progrès.

      Exposition – Afriques Capitales Parc de La Vilette

La condition des femmes

    • Fatima Mazmouz avec son installation vidéo Le corps pansant 1 – Super Oum Adventureland nous interroge sur le corps de la femme, le corps de la grossesse, le corps de la mère. Elle met en dialogue ce corps avec le concept de mère patrie dans le rapport à la réparation. On peut donc voir cette oeuvre d’abord comme une transcription d’une super maman devenant l’héroïne du quotidien et une métaphore à la Nation, le Pays, la Patrie comme cette super maman qui doit devenir l’héroïne du quotidien et donc l’héroïne du peuple.

      Exposition – Afriques Capitales Parc de La Vilette

Les identités africaines

    • Joseph Kosuth à travers Camus Illuminated #1 nous interpelle sur notre relation à l’autre au sein de la société monde dans laquelle nous évoluons. En effet, son installation répand des mots issus du livre L’Etranger de Albert Camus qui sont conjugués en français, en arabe et en anglais.

      Exposition – Afriques Capitales Parc de La Vilette
    • Ouattara Watts avec ses cinq (5) toiles nous montre son intérêt pour la philosophie et la spiritualité africaines. Ses toiles, aux formats imposants, sont un mélange d’idéogrammes, de symboles d’une religion oubliée?, d’équations complexes, de représentations africaines (statuettes, masques,) qui évoque la terre ancestrale africaine. Il interpelle donc sur le rapport au temps et à la spiritualité.
      Exposition – Afriques Capitales Parc de La Vilette

       

    • Joel Andrianomearisoa avec son installation Négociations sentimentales acte V présente de nombreux miroirs qui s’élèvent comme des immeubles. Chaque ouverture laisse apparaitre un miroir qui soit reflète notre vanité, notre narcissisme tandis que d’autres sont fermés comme pour se protéger de l’autre. On nous interroge sur les “négociations amoureuses”, un éternel jeu qui traverse le temps et les espaces.

      Exposition – Afriques Capitales Parc de La Vilette
    • Myriam Mihindou avec ses photographies tirées de la série Merci interroge dans son processus créatif la mémoire, l’identité, le corps social, politique et sexuel comme autant d’éléments constitutifs de l’identité.

      Exposition – Afriques Capitales Parc de La Vilette
    • Ato Malinda a présenté l’installation Africa Untitled une production réalisée avec La Villette et la Fondation Sindika Dokolo. Il s’agit d’une pièce interactive où les visiteurs deviennent acteurs. En effet, cette installation interroge sur l’Afrique dont l’histoire est représentée de façon linéaire selon le prisme occidental. On comprend que l’histoire de ce continent refuse de se libérer de la colonisation tout en se débattant dans l’élaboration de sa nouvelle identité issue des réflexions post-coloniales. Cette installation est donc une nouvelle façon d’aborder la question des identités africaines. Il faut noter qu’elle a été réalisée lors de la célébration du 125ème anniversaire de la Conférence de Berlin, conférence au cours de laquelle les puissances coloniales se sont partagées le continent africain.

      Exposition – Afriques Capitales Parc de La Vilette

L’immigration

    • Leila Alaoui était présente avec son installation vidéo Crossings qui explore la construction de l’identité et de la diversité culturelle à travers le prisme des histoires de migrations dans l’espace méditerranéen.

      Exposition – Afriques Capitales Parc de La Vilette
    • Alexis Peskine parle également de cette histoire des migrations avec Le Radeau de la Meduse. Une installation vidéo qui est inspirée par la peinture de Géricault. On y voit des hommes et des femmes entre la vie et la mort sur un radeau improvisé. C’est donc un regard sur la fatalité et l’espoir d’hommes et de femmes, des migrants, qui traversent des déserts, des océans, des mers et des terres hostiles dans l’espoir d’un avenir meilleur souvent utopique.

      Exposition – Afriques Capitales Parc de La Vilette
    • William Kentridge avec son installation vidéo intitulée More Sweetly Play the Dance nous présente sur huit (8) écrans la procession d’une danse macabre. Celle de réfugiés fuyant une guerre ou un dictateur. On se retrouve ici dans l’analyse des mouvements de population du à une crise économique, politique ou sociale.

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La question de la construction, destruction et reconstruction

    • Youssef Limoud avec son installation Labyrinth, réalisée en collaboration avec La Villette et la Fondation Sindika Dokolo, nous interpelle sur l’ordre et le chao au sein de ces villes modernes. La question de l’architecture et de la construction, destruction et reconstruction des villes est au coeur de la réflexion. Ce n’est donc pas étonnant que cette installation se trouve au coeur de “La ville de toutes les villes”. On nous interpelle donc sur notre environnement quotidien, un environnement que l’on pense solide mais dont l’existence est sans cesse menacée. Mais qui menace, qui agresse ce corps fragile? Le terrorisme ? Les guerres? Les hommes? Autant de questions à résoudre dans le labyrinthe des relations entre les hommes.

      Exposition – Afriques Capitales Parc de La Vilette
    • Abdoulaye Konaté avec sa tenture Alep immortalise une scène, trop souvent banalisée dans les médias : la guerre. La ville comme champ de bataille, du rouge en hommage au sang des victimes de cette violence et de cette barbarie. On nous interroge sur notre rapport aux violences produites par la guerre.

      Exposition – Afriques Capitales Parc de La Vilette
    • Lavar Munroe présente une installation intitulée Of the Omens he has he entered his own village, and other incidents that embellished and gave a colour to a great history. Façonnée avec du carton, du papier, de l’adhésif et toutes sortes de débris, appelée Junkanoo, nous découvrons un Don Quichotte tout droit sorti du roman de Cervantès. Le Junkanoo est une célébration ancestrale ayant lieu deux fois par an aux Bahamas et réunissant les communautés tribales autour de défilés. Ainsi en utilisant ces matériaux abandonnés dans la rue, à l’issue de l’événement, Lavar Munroe remet en question les modèles historiques, culturels et spirituels liés à la construction de ces gigantesques marionnettes.

      Exposition – Afriques Capitales Parc de La Vilette

L’espoir

    • Pascale-Marthine Tayou nous retourne avec ses Falling Houses (1,2,3). Ces maisons suspendues qui ne sont autres que la matérialisation de nos dogmes, nos joies, nos peurs, nos frustrations, nos malheurs, nos bonheurs, nos répits… en somme tous les sentiments constitutifs de l’espèce humaine. Ces maisons ont été inspirées par le roman du Nigérian Chinua Achebe intitulé Le monde s’effondre, paru en 1958. Ce livre décrit la destruction du mode de vie du peuple Igbo par les Britanniques au 21ème siècle avec l’imposition du christianisme comme religion et l’intrusion du pouvoir colonial. Une belle métaphore qui rappelle que le processus d’émancipation des populations et de libération d’un “esclavage” mental et émotionnel est en place. Les populations se libèrent des blessures pour aller de l’avant. Une note d’espoir.

      Exposition – Afriques Capitales Parc de La Vilette
    • Nabil Boutros à travers sa sculpture Un rêve interroge sur le devenir de l’homme. En effet, un nuage peut être interprété comme une menace et /ou une promesse. Ce nuage lumineux qui plane sur nos têtes est encerclé dans un fil de fer barbelé comme pour rappeler la nécessité de se libérer de nos entraves afin de mieux vivre l’instant présent.

      Exposition – Afriques Capitales Parc de La Vilette

On comprend donc que l’exposition Afriques Capitales pose la question des identités africaines à travers le prisme de la ville urbaine, lieu de rencontres, d’échanges, de construction, de reconstruction des individus qui, confrontés à leurs histoires individuelle et commune passées, doivent se définir et/ou se redéfinir dans cette société-monde actuelle, que l’on réduira volontairement au présent.

Mais pourquoi cette stigmatisation sur les identités africaines? Est-ce-que le monde occidental a besoin de s’identifier à / se positionner par rapport à cette génération d’individus décomplexés qui se considèrent comme des citoyens du monde? Telle est la réelle question que m’a inspirée cette exposition.  

Continuez la visite en découvrant l’exposition photo du mois de la photo du Grand Paris qui se tient dans les jardins du Parc de la Villette dans le cadre du Festival 100% Afrique, en cliquant ICI.

 

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