SORO Péhah Jacques – Artiste Peintre

SORO Péhah Jacques, JACKY ou JACQUO à l’état civil, est un jeune et talentueux artiste peintre ivoirien que j’ai découvert grâce à un ami, Ahmed S. qui est également un grand passionné d’art et un promoteur de la culture et de l’art korhogolais. En effet, Soro Pehah est originaire de Korhogo, une ville du nord de la Côte d’Ivoire que j’affectionne énormément pour y avoir fait quelques séjours dans mon enfance lors des « road trips » organisés par mes parents pendant les vacances en vue de découvrir notre beau pays.

Rencontre avec SORO Péhah Jacques

SORO Péhah Jacques est ce que l’on peut appeler un « artiste en tant que tel » car l’ensemble de son cursus a été, et continu de l’être, voué au développement de son talent. Effectivement, il a fait ses premiers pas dans le dessin au CP1 dans les années 90. Il a ensuite été initié à la peinture par son beau frère, M. SORO  Télémongo Célestin  (le mari à ma grande sœur), qui lui a également permis d’intégrer le Centre Artistique de Korhogo de 2002 à 2005. Ensuite, il a continué ses études artistiques au Lycée d’Enseignements artistiques d’Abidjan en 2008, où il termina major de sa promotion. Aujourd’hui, il est en master 2 à l’Ecole Nationale des Beaux-Arts d’Abidjan.

Influence et inspiration

Pehah raconte la chose suivante lorsqu’on lui demande ce qui l’a le plus influencé dans son apprentissage du dessin : « Quand j’étais tout petit, j’adorais beaucoup les dessins animés. Je m’amusais même à dessiner certains héros. Et ce qui m’a le plus plu, c’est que par le dessin j’arrivais à donner formes à mes idées et à mon imagination ensuite par la peinture je pouvais encore mieux représenter cette imagination. » Nous sommes très nombreux à avoir été intrigué par les dessins animés pour faire nos nombreux gribouillis tantôt proportionnés tantôt difformes, peut importe, l’essentiel était que nous dessinions…

Il trouve son inspiration dans la musique : « Ma plus grande source d’inspiration est la musique, n’importe laquelle, pourvu qu’elle éveille mes sens; mais j’affectionne particulièrement les chants en Sénoufo (ma langue maternelle), exécutés au cours des messes ou des veillées religieuses. ». Je remarque avec plaisir que SORO Pehah Jacques est une personne donc l’esprit, le cœur et la pensée sont très ancrés dans les valeurs familiales et ancestrales. Et je trouve que cela est très rare de nos jours en Afrique. J’apprécie beaucoup cette forte imprégnation dans les valeurs culturelles et personnelles car mélangé avec l’actualité et l’imagerie quotidienne cela donne un résultat que l’on apprécie…

Un travail autour de la femme et sur le thème de l’unité dans la diversité

Une chose a beaucoup attiré mon attention dans les créations de SORO Pehah Jacques : la présence de la femme. Je me suis donc permise d’aller plus loin sur le sujet et la réponse ne pouvait qu’être logique. Il s’agit tout simplement de repositionner la femme au centre de la société. Je le cite : « (Rires) Vous savez, j’ai grandi dans un milieu rural, et là j’ai puis constater la souffrance mais surtout le courage et la bravoure de la femme. Les travaux champêtres, la cuisine, le ménage, la lessive, le commerce… est un champ lexical qui lui est propre. Le plus douloureux c’est lorsque par amour, elle accepte de porter une grossesse pendant 9 mois pour ensuite risquer sa vie afin de donner vie à une nouvelle vie ! C’est donc à juste titre que je lui rends un hommage à travers mes œuvres. » Je trouve qu’il s’agit là d’un bel hommage.

La seconde chose que j’ai adoré c’est la composition des toiles, les mélanges de couleurs, la présence de carreaux colorés, l’usage de relief, l’intégration d’éléments en trois dimensions… en fait, j’ai souvent eu l’impression que les toiles étaient vivantes.

L’artiste a donné une explication volée aux scientifiques concernant le mélange des formes et des tons : « Chacune des toiles, que j’ai peintes dans ce style constitue en elle-même un monde et chacune des figures géométriques (carreaux ,triangles…) qui la composent et l’animent sont pour moi comme plusieurs molécules qui forment un atome. L’idée que je souhaite véhiculer à travers cette façon d’expression picturale est c’est « l’unité dans la diversité ». Vous remarquerez que ces carreaux ou triangles n’ont pas tous la même taille ni les mêmes tonalités chromatiques mais, ensemble ces formes donnent naissance à une belle image capable de donner le sourire. Nos différences et divergences ne doivent plus être pour nous un handicap mais plutôt une richesse. »

Concernant, l’usage du relief, il a été très pragmatique. En effet, il a rappelé que l’artiste ne peint pas parce qu’il a simplement l’envie de peindre mais plutôt parce qu’il a une motivation cohérente et une idée plus intéressante à véhiculer. Je le cite : « Je me suis aperçu que pendant longtemps l’œuvre d’art est restée prisonnière de son support, et comme l’art étant le domaine par excellence où réside la liberté, j’ai donc décidé de libérer les différents éléments de mes compositions du cadre de leurs supports. D’ouvrir une porte ou une fenêtre par laquelle les différents éléments de la toile peuvent sortir pour nous visiter et nous permettre aussi d’entrer pour les explorer. »

Voici donc ce que je peux vous dire sur cet artiste talentueux qui commence sa carrière et qui sera, j’en suis sûre, et je l’espère de tout mon cœur, un Ambassadeur de l’art ivoirien. Il a de l’avenir dans son pinceau et dans sa vision artistique. Il réalise des portraits à la demande et ses tableaux ornent déjà les salons de quelques personnes bien implantées dans le milieu des arts ivoiriens et africains. Je vous invite donc à passer votre commande dès maintenant… en attendant, apprécier son travail…