“Patrimoine” est une exposition de l’artiste ivoirien Jems Koko Bi. Elle se tient jusqu’au 5 juin 2021 Abidjan. Cette troisième exposition personnelle de l’artiste à la Galerie Cécile Fakhoury est un voyage identitaire.

Patrimoine de Jems Koko Bi
Quel sens donné au patrimoine ?
A peine entrée dans la Galerie que le ton est donné. En effet, nous sommes accueillis par une installation originale : Orange, blanc, vert. Oranges, blanc, verres. Terre, Paix, Forêt. Une alégorie au drapeau de la Côte d’Ivoire pour ainsi rappeler aux ivoiriens qu’ils doivent préserver la terre, la forêt et la paix. Le visiteur est donc interpellé sur la question de son identité et de son héritage culturel, individuel mais surtout collectif. L’installation au fil du temps se détruit et nous apprécions les oranges et les morceaux de verres au sol. Que reste-t-il donc la Nation? Qu’est ce qui est essentiel ? Qu’allons-nous léguer aux générations futures ? Cette installation, de ce fait, est un marqueur fort de l’exposition. Elle positionne effectivement la question des fondements de l’identité collective sur la base du patrimoine commun. Et sans grande surprise, l’artiste nous ramène aux éléments naturels que sont la nature, l’environnement et la terre.
Entre identité, héritage et patrimoine, l’autre dimension est la sagesse
Les gigantesques sculptures de Jems Koko Bi cohabitent avec une série de gravures sur papier et sur toile. Nous faisons un voyage dans l’esprit de la forêt. Une thématique très chère à l’artiste, nous rappelant, ainsi, et sans cesse, qu’elle est notre terre d’origine. Dans cette continuité, il nous plonge dans l’histoire récente de la Côte d’Ivoire à travers une sculpture intitulée ‘‘Bassam”. Elle est, à ce propos, un hommage aux victimes de l’attentat de Grand Bassam du 13 Mars 2016. L’oeuvre “le sommeil de l’arbre” est un clin d’oeil à nos forêts dont la beauté se matérialise par la majesté des arbres et la beauté du bois. Ces arbres sont effectivement des témoins matériels et immatériels de l’histoire collective commune. Les gravures sur papier et toile sont un écho à ces sculptures. En effet, leurs couleurs traduisent la matière vivante des arbres. Et la précision de ces dernières est un rappel au travail minitueux qui se cache derrière chaque oeuvre. Elles traduisent la patience et la sagesse. Ainsi, en comprenant que nous devons préserver nos forêts, nous comprenons que nous protegeons notre identité.
Cette exposition, plus qu’un voyage initiatique, est un parcours individuel et collectif. Son but profond est de nous faire prendre conscience de la richesse de nos forêts. C’est donc un hommage à nos arbres et à leurs bois. Ils sont une ressource infinie et ils portent en eux l’histoire du monde. Ils murmurent parfois des histoires et Jems Koko Bi nous révèle ainsi des fragments de messages, tant physiques que spirituels. Alors, apprécier le silence de l’esprit de la forêt.